Quelles sont les limites du Design Thinking ?
Quelles sont les limites du Design Thinking ?
Le Design Thinking (en français démarche design ou conception créative) est une méthodologie d’innovation centrée sur l’homme et tournée vers l’innovation. Elle permet principalement de résoudre les problèmes complexes en se basant sur l’empathie et la créativité. Ce processus est généralement mis en place par une équipe pluridisciplinaire afin de multiplier les réflexions et les points de vue.
Le Design Thinking favorise la créativité de l’équipe travaillant sur un projet donné pour concevoir un produit mieux pensé et centré sur l’utilisateur. Toutefois, cette discipline a des limites liées au temps à consacrer, à l’efficience limitée de la créativité et à la conception court terme (sans anticiper les évolutions et l’agilité du projet).
Le Design Thinking vise à générer de l’innovation tout en se basant sur les besoins des utilisateurs. Il consiste à déceler leurs désirs, en faisant preuve d’empathie pour pouvoir élaborer une analyse minutieuse de leurs besoins.
Le Design Thinking mise sur l’observation et le développement de l’empathie, et est la clé pour trouver des solutions aux problèmes relevés. Ces problématiques seront traitées d’une manière centrée sur l’humain, en créant plusieurs idées et en les affinant de façon itérative, à travers des ateliers d’idéation, de prototypage et de test.
manière centrée sur l’humain, en créant plusieurs idées et en les affinant de façon itérative, à travers des ateliers d’idéation, de prototypage et de test.
Il s’agit d’un processus de conception collaboratif, qui fait intervenir plusieurs équipes complémentaires et multidisciplinaires. C’est aussi un processus itératif, qui vise à mieux comprendre l’utilisateur, tout en :
- Proposant des hypothèses correspondant aux problématiques relevées,
- Créant plusieurs idées pour générer des solutions à ces problèmes,
- Testant les idées, les valider avec l’utilisateur et les affiner,
- Redéfinissant les hypothèses et les solutions en fonction des retours et nouveaux besoins.
Ce processus est répété un certain nombre de fois, jusqu’à l’obtention d’un meilleur prototype qui répond aux attentes de l’utilisateur.
Voir cette vidéo qui introduit le Design Thinking :
Design Thinking et l’UX Design
Pour la création d’une interface mobile ou Web fonctionnelle et utilisable, une grande partie d’UX/UI designers utilise le Design Thinking.
Voyons en quoi les phases de Design Thinking peuvent être utiles pour l’expérience utilisateur :
1. Empathie :
En tant qu’UX designer, vous devez tout d’abord réussir à cerner les besoins de l’utilisateur en trouvant la réponse à chacune de ces questions :
- Quelles sont les habitudes de l’utilisateur en question?
- Qu’est ce qui distingue le public cible des autres utilisateurs ?
- Quels sont les pain points auxquels l’utilisateur est confronté ?
Comment le design thinking peut-il vous aider dans votre démarche ?
Parmi les méthodes qui s’inscrivent dans la première phase du design thinking nous trouvons la carte d’empathie ( dit également l’empathy map) qui est complémentaire aux personas. Il s’agit d’un outil collaboratif et visuel qui représente les actions et les pensées de l’utilisateur. Elle est composée de 4 quadrants, chacun présente un trait clé que l’UX designer a pu relevé lors de la phase de l’UX research : ce que l’utilisateur a dit , a fait , pensé et ressenti.
L’objectif de la carte d’empathie est de définir approximativement la personnalité d’utilisateur ce qui permet de réussir l’UX.
En Voici un exemple de map empathy proposé par NN/g :
2. Définition :
Lors de la deuxième phase du Design Thinking, l’UX Designer est amené à définir le parcours utilisateur en definissant le chemin que l’utilisateur va emprunter. Dans ce cas, il sera nécessaire d’opter pour la carte d’expérience ( ou experience map). Elle permet de mieux cerner les besoins de l’utilisateur en représentant visuellement l’expérience vécue par celui-ci. La carte d’expérience est l’une des formes de mapping UX (cartographie de l’expérience utilisateur). Son objectif est de faire privilégier l’entreprise d’un outil de travail qui permet de susciter l’empathie chez l’équipe UX.
En voici un exemple d’experience map proposé par NN/g :
Lire à ce sujet cet article : How to build an experience map ?
3. Idéation :
Réussir le design UX nécessite une approche multidisciplinaire afin de trouver les idées les plus adaptées à la création d’une interface mobile ou interface web conviviale et facile d’utilisation.
L’étape de l’idéation consiste à faire appel à la réflexion de l’équipe UX et à la créativité de chacun en générant beaucoup d’idées. En UX design il existe plusieurs techniques et ateliers d’idéation comme le brainstorming, le mindmapping, le bodystorming, le crazy 8, le 6 to 1, etc.
Pour réussir cette phase, il faut fixer un temps limité, être visuel et donner de l’importance à toutes les idées proposées.
L’idéation vous permet essentiellement de :
- Poser les bonnes questions;
- Libérer votre esprit et penser d’une manière non conventionnelle
- Proposer des solutions innovantes.
4. Prototypage :
Un prototype dans le design thinking permet de simuler le fonctionnement de votre interface web ou mobile pour le tester avant de produire sa version finale. Il a un rôle important pour optimiser l’utilisabilité du produit digital.
5. Test :
L’étape qui suit le prototypage consiste à tester la convivialité et l’utilisabilité du/des prototype(s). En effet, il est tout à fait naturel de trouver quelques erreurs dans la conception UX, c’est pourquoi tester le prototype est une partie essentielle du processus de conception.
Dans cette vidéo, une UX Designer qui est aussi Design Thinker nous explique les différences et les similitudes entre ces 2 concepts :
Les avantages du Design Thinking
Le Design Thinking est une méthode axée sur l’humain, qui peut être adoptée par toutes les entreprises et concerne toutes les disciplines. Voici ses principaux avantages :
- Résoudre tout type de défi sur un aspect produit (création d’un nouveau produit) ou organisationnel (réduction de la rotation du personnel).
- Produire de la valeur ajoutée via de l’innovation : le processus du design thinking réunit plusieurs professionnels rattachés aux différents départements de l’entreprise, afin de produire un maximum d’idées et d’inventer de nouvelles solutions.
- Garantir la satisfaction des utilisateurs : Cela permet de créer des produits/services/processus innovants en phase avec les attentes et contraintes des utilisateurs.
Au vu de ses avantages, le Design Thinking est considéré pour certains comme étant une excellente approche pour innover dans de nombreux domaines.
Toutefois, il présente des inconvénients relatifs à son aspect court terme, chronophage, coûteux et pas toujours très agile.
Une approche critique du design thinking
De nombreux facteurs peuvent influencer le processus Design Thinking, comme l’état d’esprit, les compétences, la langue, la structure de l’équipe, la culture, etc.
L’idéation est un concept phare dans le Design thinking. La création de solutions innovantes et percutantes nécessite une compréhension holistique et empathique du problème à résoudre.
Cependant, il arrive que l’équipe impliquée dans le processus Design Thinking ait tendance à réagir d’une manière impulsive et d’analyser les facteurs évidents du problème, au lieu d’aller investiguer les facteurs les plus influents (dites “Root cause”).
La qualité des décisions qui découlent des ateliers peut être remis en question à cause de l’effet de groupe et des personnalités impliquées. En effet, les positions et avis des personnes dites “influentes” peuvent prendre le dessus sur ceux des autres personnes plus discrètes. Ainsi, les décisions peuvent ne pas être rationnelles et représentatives des opinions exprimées.
Même si cette méthodologie est plébiscitée dans divers secteur, il émerge plusieurs limites quant à sa bonne utilisation.
Les limites du Design thinking
Le Design Thinking n’est pas toujours nécessaire
Natasha Jen’s (designer à Pentagram) a critiqué l’efficacité de cette approche avec un peu d’humour, lors de son intervention dans la conférence d’Adobe 99U, intitulée : “Design Thinking Is Bullshit.”
Voir cette vidéo pour en savoir plus :
Elle a mis en lumière certains défauts de cette approche :
- Le design suit l’intuition humaine. Certaines solutions qui ont été construites via un processus de Design Thinking étaient coûteuses alors qu’elles étaient très évidentes. En guise d’illustration, Natasha a donné l’exemple d’un hôpital qui pose un tableau coloré sur le mur de la salle d’IRM afin d’apaiser les enfants. Elle trouve que, dans ce cas, c’est absurde de dépenser de l’argent et du temps sur des solutions très simples à trouver.
- Le manque de critique. Un des fondements capitaux de l’approche Design Thinking est de pas critiquer le travail d’autrui. Cependant, la critique est indispensable afin d’éclairer les participants sur les détails à rectifier ou améliorer dans leur travail, afin d’éviter de procéder d’une façon linéaire et réduire l’idéation à un simple tas de post-it.
Design Thinking : un concept à la mode
Les nouveaux systèmes, méthodologies et les mots à la mode (buzzwords) impressionnent toujours les entreprises. En guise d’exemple, le concept de TQM (Total Quality Management) a émergé aux Etats-Unis et il est basé sur l’idée d’amélioration continue.
Le TQM s’est largement répandu et les entreprises dépensent des millions de dollars pour le mettre en place. Après la grande notoriété qu’il a gagnée, il est devenu une mode à critiquer.
Lire à ce sujet : Les avantages et inconvénients de TQM
Tout comme le TQM, le mot “Design thinking” est devenu un terme dont tout le monde parle et donc galvaudé. Ainsi, le processus n’est pas toujours utilisé à bon escient, correctement et animé par des personnes non expérimentées.
Le Design Thinking : frein à la créativité ?
La créativité est un processus impliquant plusieurs éléments : une équipe complémentaire et restreinte, un temps imparti et une valeur de pensée équivalente entre les participants. Cependant, lors de session en entreprise, il est fréquent de voir des équipes très larges avec des relations hiérarchiques entre participants, regroupées en sessions d’idéation souvent longues. Ainsi, mal encadrée la créativité peut devenir un vrai “pain point” pour le projet comme pour l’équipe.
Une application à court terme
En appliquant le Design Thinking comme outil d’innovation dans une entreprise, celle-ci va réussir à avoir des produits séduisants et efficaces mais ce résultat ne peut s’étendre que sur le court terme. Puisqu’il ne traite que les problématiques actuelles, il est impossible de prendre en compte l’agilité du produit avec le Design Thinking.
Un concept gourmand en temps et en ressources
Les ateliers d’idéation constituent des moyens pour générer le maximum d’idées, pouvant durer entre une et plusieurs heures. Mais le plus long du travail consiste en des explorations approfondies, la conception des prototypes et leur test. En effet, plus les participants mobilisent du temps et de l’énergie pour analyser et comprendre les besoins des utilisateurs, plus les chances d’obtenir un produit fonctionnel et en accord avec ces besoins seront grandes.
Dans une partie des projets, le temps est compté. Proposer une approche Design Thinking reviendrait à raccourcir le nombre ou la durée des ateliers et des itérations. Cela viendrait donc considérablement diminuer la valeur et la pertinence du résultat, voire empêcher l’aboutissement des itérations.
Le Design Thinking est une méthodologie de création de produit/service/processus fiable que beaucoup d’entreprises mettent en place . Même s’il a prouvé son efficacité sur un grand nombre de projets, le Design Thinking a aussi ses limites.
Avant de se lancer dans des itérations de Design Thinking, il convient donc de se rappeler de ces 3 points :
- Pour appliquer la méthodologie correctement pour créer de la valeur et innovation, il faut investir du temps (entre plusieurs semaines à plusieurs mois) ;
- Il est important de s’entourer des bonnes personnes pour mener à bien les itérations tout en évitant un trop grand nombre de participants afin de garantir la créativité et limiter l’effet de groupe ou de hiérarchie ;
- Si le résultat a pour but d’évoluer, il faut essayer d’intégrer des concepts issus de l’Agilité, (comme le MVP et un atelier de Roadmap ou de Storymap) afin de pouvoir penser sur du moyen ou long terme.