Autoethnographie dans la recherche UX
21/11/2022

L’Autoethnographie dans la recherche UX : une approche subjective

 

K. Heider a été le premier à utiliser le terme « autoethnographie » en 1975, dans le récit d’un écolier qui décrivait « ce qu’il faisait ». Désormais, il désigne une méthode de recherche qualitative qui utilise les récits personnels des individus pour comprendre leur culture et leur expérience. Les autoethnographies peuvent être écrites, filmées ou podcastées.

 

Les chercheurs UX ont souvent recours à l’autoethnographie pour explorer les perceptions et les expériences des utilisateurs finaux. Cette méthode permet de découvrir les besoins et les attentes des utilisateurs, ainsi que leurs impressions sur les produits et services. L’autoethnographie est également utile pour identifier les pratiques et les croyances des utilisateurs en ce qui concerne l’utilisation d’un produit ou d’un service.

La différence entre : l’ethnographie, l’autobiographie et l’auto ethnographie ?

Un chercheur doit utiliser les principes de l’autobiographie et de l’ethnographie pour faire et écrire de l’autoethnographie. Ainsi, en tant que méthode, l’autoethnographie est à la fois processus et produit.

 

Présentation de l’ethnographie

 

L’ethnographie est un type d’étude de terrain dans laquelle les chercheurs observent les gens dans leur environnement naturel. L’objectif de l’ethnographie est d’avoir une compréhension holistique et contextuelle de leurs besoins. Contrairement à d’autres types d’études de terrain, l’ethnographie oblige le chercheur à s’immerger dans l’environnement qu’il étudie.

 

L’ethnographie dans la recherche UX

 

Dans le contexte de la conception UX, l’ethnographie est parfois appelée : anthropologie numérique, recherche sur le terrain ou enquête contextuelle.

 

La recherche ethnographique UX révèle des informations utiles grâce à l’observation des utilisateurs dans leurs environnements réels.

 

Ethnographie, autobiographie ou autoethnographie ?

 

L’autoethnographie permet à un chercheur UX d’utiliser sa subjectivité au lieu de la supprimer. Être subjectif signifie que le chercheur UX peut être pleinement à l’écoute des expériences subjectives des autres.

 

Il faut distinguer l’autoethnographie de ces deux approches :

  • Autoethnographie VS Autobiographie : l’autobiographie est un récit auto déclaré de la vie d’une personne ou de ses expériences de vie.  Généralement, la personne écrit exclusivement de son propre point de vue.
  • Autoethnographie VS Ethnographie : L’autoethnographie n’est pas l’ethnographie. L’ethnographie est une approche qui permet d’étudier les comportements des personnes dans leur propre environnement. Elle implique l’interprétation subjective d’un groupe. Par contre, l’ethnographie ne relie pas explicitement la propre expérience du chercheur comme c’est le cas pour l’autoethnographie.

L’autoethnographie une combinaison de l’autobiographie et de l’ethnographie ?

 

L’autoethnographie combine les caractéristiques de l’autobiographie et de l’ethnographie.

 

Elle vous donne la permission d’intégrer votre propre expérience dans une analyse plus large d’un groupe d’utilisateurs.

  • Lors de l’écriture d’une autobiographie, un auteur écrit de manière rétroactive et sélective sur des expériences passées. En écrivant, l’auteur peut interroger d’autres personnes et consulter des corpus tels que les photographies, les journaux etc. Dans l’autoethnographie les chercheurs UX font la même chose.
  • Lorsque les chercheurs font de l’ethnographie, ils étudient les expériences, et l’auto ethnographie consiste à étudier sa propre expérience.

L’importance de l’ethnographie dans l’UX research

Comme nous l’avons déjà expliqué l’approche l’autoethnographique s’appuie essentiellement sur l’ethnographie. Pour mieux comprendre la logique de l’autoethnographie, il serait intéressant de s’arrêter sur les avantages de l’ethnographie dans l’UX Research.

 

Des conditions naturelles et réels

 

L’ethnographie se fait dans des conditions réelles, lors de l’observation des comportements des utilisateurs.

 

Une approche ethnographique de la recherche en conception examine comment les gens se comportent dans leur environnement naturel. Grâce à cette approche les designers peuvent apprendre davantage sur la vie quotidienne de leurs utilisateurs potentiels et sur leurs actions au fur et à mesure qu’ils se déroulent.

 

 

Un accès à des exemples répétées

 

Lors d’une enquête ou un entretien ou une discussion de groupe, vous pouvez exploiter les informations des utilisateurs en une seule occasion. Par contre, l’ethnographie se caractérise par son déroulement continu. Elle se fait tout au long d’une étude.

 

Un contexte bien spécifique

 

L’ethnographie permet aux chercheurs d’observer les situations et les circonstances dans lesquelles un produit ou un service sont utilisés.

 

Certaines circonstances sont primordiales, par exemple : à quelle vitesse les utilisateurs peuvent ouvrir et utiliser l’application lorsqu’ils se connectent ?

 

Une véritable connaissance de votre utilisateur final

 

Sans recherche ethnographique, il est difficile de savoir par où commencer. En observant directement le public cible et en développant des informations basées sur un comportement réel, vous pouvez créer un produit mieux adapté aux besoins des futurs utilisateurs.

 

Comprendre les points faibles et saisir les opportunités

 

Les études ethnographiques puisent dans l’aspect social de la conception de produits en révélant les défis auxquels les gens sont confrontés lorsqu’ils interagissent avec leur environnement.

 

D’abord, les chercheurs UX observent les signaux comportementaux des utilisateurs pour savoir comment ils peuvent les aider. Ensuite, ils utilisent la technologie pour faciliter le parcours des utilisateurs. Il s’agit donc d’une approche de conception de produit très efficace.

Qu’est-ce que l’autoethnographie ?

Dans l’autoethnographie, les chercheurs UX exploitent une expérience particulière puisqu’ils se documentent eux-mêmes à l’aide des notes prises sur terrain, des enregistrements audios, des vidéos et des photographies. L’autoethnographie peut-être appelée également auto-documentation.

C’est une approche issue de la recherche académique. Elle incite les UX researchers à analyser leurs propres expériences comme ils analysent l’expérience des autres utilisateurs.

Histoire de l’autoethnographie

La « crise de confiance » inspirée par le postmodernisme dans les années 1980 a introduit de nouvelles opportunités pour réformer les sciences sociales et pour renouveler les formes de la recherche en sciences sociales. Les chercheurs sont devenus de plus en plus troublés par les limites ontologiques, épistémologiques et axiologiques des sciences sociales.

Peu à peu, ils ont commencé à se demander ce que deviendraient les sciences sociales :

  • Si elles étaient plus proches de la littérature que de la physique.
  • Si elles proposaient des histoires plutôt que des théories.
  • Si elles étaient consciemment centrées sur les valeurs.

Beaucoup de ces chercheurs se sont tournés vers l’autoethnographie parce qu’ils cherchaient des réponses positives concernant la recherche et comment elle devait être effectuée. Ils voulaient se concentrer, en particulier, sur les moyens de produire une recherche significative, accessible et évocatrice fondée sur l’expérience personnelle.

L’autoethnographie, c’est quoi ?

L’autoethnographie est souvent l’une des premières méthodes de recherche utilisées par les entreprises. Comme c’est précisé dans son appellation « auto », les chercheurs doivent vivre l’expérience eux-mêmes. En effet « auto » signifie soi et « ethnos » veut dire culture et graphie.

Cette méthode aide les chercheurs UX à mener des entretiens plus facilement puisqu’ils ont une compréhension approximative du sujet.

 

Quels sont les types de la recherche autoethnographique ?

La recherche autoethnographie peut-être ouverte ou secrète :

  1. Autoethnographie ouverte : lorsque vous faites de l’autoethnographie manifeste les gens autour de vous savent que vous êtes un chercheur. Lorsque les chercheurs sont visibles pour les personnes qui les entourent, il est important d’être conscient de « l’effet observateur », c’est-à-dire de l’influence que les chercheurs ont sur leur environnement et sur le comportement des participants.
  2. Auto ethnographie secrète : Contrairement à l’autoethnographie ouverte, dans l’autoethnographie secrète, les autres participants ne doivent pas savoir que vous êtes un chercheur UX.

Comment ça se déroule ?

  • La durée : la durée de la préparation est ½ heure par semaine, mais cela dépend de votre approche et de l’accessibilité. Pour l’activité elle peut prendre 1 heure – 12 semaines, mais cela dépend de votre objectif et de l’approche de la recherche. Le suivi peut durer ½ heure – 2 semaines, mais cela dépend de la quantité et du type des données.
  • Les objets nécessaires : Cahier, appareil photo, enregistreur vocal, caméra vidéo, logiciel d’ethnographie mobile (facultatif), accords juridiques ‘consentement et/ ou accord de confidentialité).
  • Les résultats attendus : texte c’est-à-dire transcriptions et notes de terrain, enregistrements audio, photos, vidéos etc.
 
 

Des astuces pour réussir l’autoethnographie

Définir une question de recherche spécifique

 

D’abord, définissez votre question de recherche ou ce que vous voulez découvrir. Ensuite, réfléchissez à la raison pour laquelle vous faites de la recherche, par exemple s’agit-il d’une recherche exploratoire ou recherche de confirmation ? Pensez également à ce que vous voulez faire de vos découvertes tels que les personas, les cartes de parcours, les cartes de système etc.

 

Planifier et préparer

 

En fonction de votre question de recherche, définissez quand et où vous effectuerez votre recherche. Par exemple s’agit il des recherches autoethnographiques impliquant un groupe de personnes comme les visites, les safaris etc ? Vous pouvez planifier qui vous souhaitez inclure en tant que chercheur et combien de temps vous aurez besoin.

 

Vous devez également décider :

  • Si vous allez faire de l’autoethnographie ouverte ou secrète ?
  • Comment vous allez documenter vos expériences ?
  • Si vous allez mettre en place des accords juridiques si nécessaires pour pouvoir prendre des enregistrements vocaux ou des vidéos sur terrain ?

 

Faire de l’autoethnographie

 

Lors de l’autoethnographie, essayez de distinguer les concepts de premier niveau et de second niveau.

  • Les concepts de premier niveau « données brutes » font référence à ce que vous voyez et entendez objectivement.
  • Les concepts de second niveau sont les interprétations. Ils font référence à ce que vous ressentez où à la façon dont vous interprétez ce que vous vivez.

 

Si vous prenez des notes sur terrain vous pouvez écrire les deux séparément. Par exemple vous pouvez noter : 

  • Sur le côté gauche de la page ce que vous voyez et entendez 
  • Sur le côté droit comment vous interprétez les choses et ce que vous ressentez.

 

Faire le suivi

 

Écrivez vos conclusions clefs à partir des observations et vérifier si d’autres chercheurs ont également fait des études autoethnographiques pour pouvoir comparer vos conclusions.

Il est important de garder une trace de toutes vos données collectées en indexant :

  • Vos notes de terrain
  • Vos transcriptions
  • Vos photos
  • Vos enregistrements audios
  • Vos enregistrements vidéo

 

Vous devez parcourir vos données pour pouvoir mettre en évidence les passages importants. Pour vous faciliter la tâche, vous pouvez rédiger un bref résumé qui inclut vos principales conclusions accompagnées des données brutes pour les illustrer, par exemple des citations, des photos ou des vidéos.

L’approche autoethnographique étape par étape

Il existe trois étapes à suivre pour mener une autoethnographie :

 

Préparer le terrain

 

Pour commencer, il est recommandé de ne pas penser au produit. Sortez-le de votre esprit et oubliez qu’il existe.

 

Vous devez prendre de la distance par rapport à votre rôle professionnel. Oubliez les stakeholders et leurs attentes. Préparez vous à vivre cette expérience en tant qu’être humain. Il est important de documenter votre expérience honnêtement et ouvertement.

 

Détaillez vos vulnérabilités, vos doutes, vos triomphes, vos objectifs etc. Pour le moment votre objectif n’est pas de rendre compte aux stakeholders mais de créer un enregistrement authentique de votre expérience.

 

Choisir vos matières premières

 

En fonction de votre groupe cible, vous pouvez puiser dans différentes sources.

 

L’autoethnographie emprunte beaucoup à l’ethnographie en termes de sources de données.

 

Traditionnellement, les ethnographes s’appuient sur des données provenant, entre autres de : 

  • Des notes de terrain 
  • Des journaux de recherche 
  • Des photographies 
  • Des films

 

Pour l’autoethnographie, c’est presque la même chose mais il s’agit des données personnelles.

 

Votre objectif est d’examiner votre expérience de manière analytique à travers ces sources de données.

 

Vous pouvez le faire en faisant une description pour détailler vos expériences personnelles et interpersonnelles. Par exemple, décrivez votre expérience dans le contexte où elle se déroule, enregistrez vos pensées, vos émotions et vos motivations pendant l’expérience.

 

Pour terminer, fournissez des détails qui pourraient aider le lecteur à se sentir immergé dans l’expérience.

 

Plonger dans l’analyse et le reporting

 

Si vous êtes un chercheur UX chevronné, vous savez comment commencer.

 

L’analyse est qualitative, vous devez lire et relire vos sources de données et commencer à identifier des modèles. Il est important de sortir de votre zone de confort, en reliant votre expérience personnelle à celle de vos utilisateurs.

 

N’oubliez pas que votre objectif est de donner vie à l’expérience de vos utilisateurs à travers le prisme de votre propre expérience.

 

Réfléchir à votre expérience personnelle de manière systématique est difficile. D’abord, commencer par comprendre le point de vue de l’utilisateur. Ensuite réfléchissez à votre propre expérience pour ajouter une couche supplémentaire d’authenticité et de sagesse.

 

La meilleure façon de rapporter vos idées dépend de votre organisation et de ce à quoi vos stakeholders répondent le mieux.

Pour conclure

L’autoethnographie est une approche qui combine l’autobiographie et l’ethnographie. Cette méthode permet les UX researchers de faire preuve de subjectivité en analysant leurs propres expériences.  

 

Les chercheurs (UX) doivent également prendre du recul par rapport à leur expérience pour pouvoir les analyser comme les expériences des autres utilisateurs.

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