Qu’est-ce que le Design systémique ?
Le design systémique (Systemic Design) est l’union entre les deux termes Systems Thinking et du Design Thinking. Il s’agit d’une méthode d’innovation itérative basée sur la pensée empathique et la pensée systémique. Cette dernière vise à optimiser les problèmes rencontrés dans un environnement complexe.
Un environnement complexe est un milieu non linéaire, dans lequel l’approche systémique est la meilleure solution pour appréhender les phénomènes complexes et trouver la solution la plus optimale sur le court et le long terme.
Comment définir le design systémique ?
Le design systémique est le concept d’appréhender la complexité croissante du monde. Plus le monde devient complexe, plus la conscience de cette complexité s’accroît.
La complexité se dévoile notamment dans les environnements qui contiennent plusieurs acteurs et ces derniers entretiennent plusieurs relations entre eux. Tel est le cas d’Internet et plus précisément des réseaux sociaux.
En effet, l’avancée rapide de la mondialisation donne lieu à de nouveaux défis de conception, qui accroissent la complexité des projets correspondants. De ce fait, la limitation de la pensée analytique et linéaire, outre l’insuffisance des méthodes classiques de conception, n’aident plus les professionnels, notamment les UX Designers, à trouver des solutions pertinentes aux problèmes rencontrés.
Aperçu sur les limites des approches de modélisation classiques
L’approche analytique consiste à analyser les faits et les comportements individuels des acteurs du système, pour identifier les causes qui ont engendré un problème donné. Cette méthode est efficace dans un contexte prévisible, où les interactions sont simples.
Toutefois, la méthode analytique ne s’adapte pas à un contexte imprévisible, parce que ce n’est pas toujours certain de rencontrer les mêmes situations et les mêmes dysfonctionnements. Donc, on ne peut pas toujours se référer aux expériences vécues pour résoudre les potentiels problèmes. A cet effet, l’approche systémique se manifeste comme une bonne alternative pour gérer les changements imprévisibles, tout en exploitant les capacités d’adaptation du système et sa résistance aux changements.
Par ailleurs, la pensée linéaire (ou cartésienne) consiste à décomposer le problème en plusieurs sous-problèmes et à les traiter d’une façon distincte. Toutefois, cette méthode rencontre des limites face à la complexité accrue des systèmes.
Face à ce constat, le design systémique allie la pensée systémique à la pensée conceptuelle, dans le but de réduire la complexité du système et le rendre plus innovant.
L’apport de l’alliance entre la pensée conceptuelle et systémique
La pensée conceptuelle s’appuie sur les processus de raisonnement et les méthodes d’esquisse pour analyser, cartographier et configurer les services des systèmes complexes.
La pensée systémique consiste à avoir une vision d’ensemble sur tout le système, en plus des différentes interactions entre ses différents acteurs, de leurs relations avec l’environnement, des adaptations à opérer pour maintenir l’équilibre du système, etc.
La complémentarité entre ces deux concepts permet de mieux analyser un système complexe. Notamment, la pensée systémique aborde le système comme une entité vivante composée d’un ensemble d’éléments interdépendants. Son objectif dépasse le simple fait d’analyser les défaillances individuelles de chaque acteur qui entraîne le dysfonctionnement du système. En effet, cette approche vise à exploiter chaque interaction comme une source d’information et une ressource utile pour comprendre les problèmes de fond, d’une manière inclusive.
Quelques exemples d’applications de la conception systémique
La conception systémique aide à mieux évoluer dans son environnement et à réaliser une meilleure durabilité sur le plan environnemental, économique et social.
Concrètement, cette approche peut être appliquée dans le domaine de valorisation et recyclage des déchets. Face à la situation chronique de surexploitation des ressources et de génération de beaucoup de déchets, le design systémique se présente comme une alternative pertinente pour multiplier les richesses. Cette approche vise à créer plus de richesses tout en exploitant, d’une manière délibérée, les ressources déjà existantes.
La démarche systémique a été adoptée aussi dans d’autres domaines, comme les mathématiques, la biologie, la neurophysiologie, le recrutement, etc.
Les concepts de base du design systémique
La représentation du système
Le système se présente comme une boîte noire qui agit comme une machine. Elle reçoit en entrée un ensemble de variables, qu’elle transforme en variables de sorties en réalisant certains processus.
On distingue 3 types de systèmes :
- Les systèmes simples et linéaires, du type : une variable A donne B et B donne C. Il est facile d’ anticiper et de prédire les résultats de ces systèmes. Tel est l’exemple d’une formule mathématique.
- Les systèmes compliqués représentent des systèmes simples interdépendants qui sont décomposables et assimilables, à l’instar des logiciels informatiques.
- Les systèmes complexes qui sont imprévisibles et non linéaires. Ce sont les systèmes les plus proches de la réalité, tels que le corps humain, l’entreprise, etc.
La définition des variables du système
Chaque système renferme généralement deux types de variables :
- Variables de flux : elles s’expriment d’une façon mathématique sous la forme d’une dérivée d’une grandeur par rapport au temps.
- Variables d’état (variables de niveau) : elles indiquent la situation instantanée d’une partie du système.
La notion de rétroaction
Pour chaque système, les variables d’entrées (inputs) proviennent de l’interaction de ce dernier avec son environnement. Par contre, les données de sortie (outputs) résultent de l’action de transformation effectuée par le système.
Quand le système consomme les données de sortie comme des inputs, ce phénomène est appelé rétroaction. C’est un concept fondamental de l’approche systémique. Il consiste dans une boucle (feedback loop) qui renvoie les données de sortie à l’entrée du système. Ce concept met en valeur l’interconnexion entre ses différentes variables et comment les unes affectent les autres.
On distingue 2 types de rétroactions :
- La rétroaction positive (ou amplifiante) : puisque le système s’auto-alimente de ses résultats de sortie, cette boucle permet d’amplifier le rôle de transformation de cette entité pour réaliser soit une croissance, soit une chute exponentielle.
Par exemple, le service commercial d’une entreprise profite des informations stockées dans la base de données clients, pour attirer de nouveaux prospects et augmenter les ventes.
- La rétroaction négative (ou stabilisante) : cette boucle produit des résultats en sortie qui corrigent les défauts des résultats précédents, dans une logique de maintien de l’équilibre du système. Tel est l’exemple du service après-vente.
Les principales étapes du design systémique
L’analyse du système
Cette étape correspond à la phase d’exploration systémique. Elle consiste à identifier les limites du système et à le positionner par rapport à son milieu, dans le but de comprendre la nature de ses interactions avec son environnement, les interrelations entre ses éléments et les facteurs à l’origine de sa complexité.
Donc, l’analyse du système consiste à développer une description fidèle du problème rencontré, sans donner des jugements ou des avis subjectifs. Elle permet aussi de contourner tous les aspects du sujet traités : les variables clés (de flux et d’état) et les boucles de rétroaction.
A l’issue de cette phase, l’observateur aura une connaissance plus approfondie du système et une vision très claire de son fonctionnement et de son évolution.
La modélisation qualitative
Les synthèses tirées de la phase de l’analyse systémique permettent à l’observateur de créer un modèle qualitatif qui schématise les propriétés du système, les relations entre ces variables et les paramètres extérieurs au périmètre de cette entité.
La modélisation qualitative (ou causale) permet une représentation ordonnée des données obtenues et débouche sur des conclusions intelligibles sur le comportement du système. Dans le but d’affiner la compréhension de ces synthèses, l’observateur peut les analyser en utilisant des formules mathématiques.
La modélisation dynamique
L’objectif de cette modélisation est de quantifier les résultats mathématiques obtenus dans la phase précédente, afin de rendre le modèle qualitatif plus simulable.
La modélisation dynamique ajoute la variable du temps dans la modélisation systémique, afin de la rendre plus méticuleuse.
La simulation
Cette phase consiste à tester le modèle dynamique et à déceler les comportements imprévus, à travers des scénarios abstraits, qui sont toujours moins coûteux que les scénarios réels. La validation des faits obtenus s’effectue en les confrontant à la réalité.
La rétroactivité dans le design systémique
La démarche systémique peut être un processus itératif ou rétroactif. En effet, le fait d’affiner la compréhension des résultats de sortie de chaque phase, permet d’obtenir de nouvelles informations, qui peuvent être réinjectées comme des outputs dans une phase antérieure. Par exemple :
- Une perception plus minutieuse du modèle qualitatif peut faire émerger de nouvelles difficultés qui n’ont pas été prises en considération lors de la phase d’exploration systémique (et pareil pour l’étape de modélisation dynamique).
- Une meilleure compréhension des résultats de la phase de simulation peut révéler certaines informations nécessaires pour la phase d’analyse du système. L’observateur peut réintégrer ces données dans la phase d’exploration.
Conclusion
Le design systémique résulte d’un travail de corrélation pour appliquer une pensée systémique. Cette pensée permet de comprendre la complexité des relations du système avec l’environnement, les changements qui affectent l’usage du produit/service, les phénomènes de croissance ou de rupture, etc.
Cette conception conduit à une meilleure appréhension des objectifs et des optimisations nécessaires pour maintenir l’équilibre du système. Notamment, le design systémique représente une approche efficace pour réaliser une innovation de rupture et conquérir de nouveaux marchés.