30/12/2025

Les 8 erreurs à éviter absolument quand on mène une étude de marché

Avant de concevoir un produit, un service ou une expérience utilisateur pertinente, une étape reste incontournable; l’étude de marché. En UX Research, elle permet de comprendre les usages réels, les besoins profonds et les attentes des utilisateurs, bien au-delà des intuitions ou des tendances perçues. Pourtant, cette démarche est souvent mal menée, bâclée ou biaisée, ce qui peut conduire à de mauvaises décisions de conception.

Erreur 1 : Ne pas définir d’objectifs clairs

Pourquoi des objectifs précis sont cruciaux 

 

En UX Research, une étude de marché sert avant tout à répondre à des questions concrètes. Sans objectifs clairement définis, la recherche manque de direction et devient difficile à exploiter. Des objectifs précis permettent de choisir les bonnes méthodes, de cibler les bons participants et de collecter des données réellement pertinentes. Ils servent aussi de cadre commun pour aligner les équipes produit, design et business autour des mêmes enjeux.

 

Conséquences d’objectifs flous

 

Lorsque les objectifs sont vagues ou mal formulés, l’étude risque de s’éparpiller. Les données recueillies peuvent être trop générales, contradictoires ou impossibles à interpréter. Cela entraîne souvent des décisions basées sur des impressions plutôt que sur des insights solides, avec un risque élevé de concevoir des fonctionnalités inutiles ou mal adaptées aux utilisateurs.

 

Astuces pour formuler de bons objectifs

 

Pour qu’une étude de marché soit réellement utile, les objectifs doivent être définis simplement et sans ambiguïté. Ils servent de repère tout au long de la démarche et facilitent l’exploitation des enseignements en UX Research.

  • Formuler une question centrale claire
  • Lier chaque objectif à une décision UX ou produit
  • Employer des formulations orientées utilisateurs et usages
  • Limiter le nombre d’objectifs pour rester focalisé
  • Vérifier que chaque objectif peut être observé ou analysé
  • Valider les objectifs en amont avec les parties prenantes

Erreur 2 : Se baser uniquement sur des suppositions

Différence entre hypothèses et données

 

En UX Research, les hypothèses sont un point de départ, pas une finalité. Elles traduisent des intuitions issues de l’expérience, du contexte métier ou de connaissances existantes, mais elles restent subjectives. Les données, au contraire, proviennent de l’observation réelle des utilisateurs; entretiens, tests, analyses comportementales ou études quantitatives. 

 

Confondre hypothèses et faits conduit à renforcer des idées préconçues plutôt qu’à comprendre les usages réels. Une étude de marché efficace consiste justement à confronter ces hypothèses à la réalité du terrain.

 

Comment valider ses hypothèses ?

 

Valider une hypothèse implique de la transformer en question de recherche testable. Cela passe par le choix de méthodes adaptées, comme des entretiens utilisateurs pour explorer des comportements ou des questionnaires pour mesurer des tendances. Il est essentiel de recueillir des données auprès d’un panel représentatif et d’analyser les résultats avec recul. Une hypothèse confirmée apporte un insight solide, tandis qu’une hypothèse invalidée permet d’éviter de mauvaises décisions. Dans les deux cas, la recherche remplit pleinement son rôle.

Erreur 3 : Choisir une mauvaise méthodologie

Comprendre les méthodes qualitatives et quantitatives

 

Une erreur fréquente en UX Research est d’utiliser une méthode inadaptée à la question posée.
Les méthodes qualitatives (entretiens, observations, tests) permettent de comprendre en profondeur les motivations et comportements des utilisateurs.
Les méthodes quantitatives (questionnaires, analytics, sondages) aident à mesurer, comparer et valider des tendances sur un grand nombre de personnes.

 

Pourquoi bien choisir sa méthode est essentiel ?

 

Chaque type de méthode répond à un besoin spécifique.
Le qualitatif explore le « pourquoi », le quantitatif mesure le « combien ».
Utiliser l’un à la place de l’autre peut fausser les résultats et conduire à de mauvaises décisions de design.

 

Quand utiliser quoi en UX ?

  • En début de projet : privilégier le qualitatif pour explorer les besoins utilisateurs.
  • Pour confirmer une hypothèse : passer au quantitatif pour valider à plus grande échelle.
  • En phase de test : combiner les deux pour croiser compréhension et chiffres.

 

Adopter une méthodologie adaptée rend l’étude plus utile, plus crédible et surtout plus actionnable pour les équipes produit et design.

Erreur 4 : Ne pas bien définir son panel / répondants

Ciblage vs échantillonnage

 

Un bon panel ne se limite pas à “des utilisateurs au hasard”. Il faut d’abord cibler le bon profil, celui qui correspond à votre produit ou service. Un bon ciblage garantit que les données recueillies seront pertinentes.
Ensuite vient l’échantillonnage, combien de personnes, avec quelle diversité, dans quels contextes ? Un échantillon trop petit ou mal équilibré peut fausser les conclusions.

 

Impact sur les résultats

 

Un panel mal défini entraîne des résultats peu fiables. Par exemple, tester un service B2B avec des utilisateurs grand public ne permet pas d’identifier les vrais besoins.
À l’inverse, interroger uniquement des utilisateurs convaincus peut masquer des points de friction importants.
Le recrutement doit être rigoureux, profils variés, usage réel du service, contexte proche de la réalité.

Erreur 5 : Poser des questions biaisées

Types de biais fréquents dans les questionnaires

 

Lorsqu’un questionnaire contient des biais, les réponses recueillies perdent en fiabilité. C’est un piège courant dans les études de marché mal préparées. Voici les biais les plus fréquents à éviter :

  • Biais de formulation : la question oriente la réponse souhaitée.
  • Biais de confirmation : on cherche à prouver une idée plutôt qu’à la tester objectivement.
  • Biais de contexte : l’ordre ou le ton des questions influence la perception.
  • Biais d’échelle : les choix de réponses ne sont pas équilibrés.

 

Ces biais affectent la neutralité des données et peuvent faire passer une intuition pour un fait.

 

Exemples de questions à reformuler

 

Pour éviter d’induire l’utilisateur en erreur, il est crucial de reformuler certaines questions. Voici quelques exemples concrets :

  • Au lieu de : Avez-vous apprécié notre interface intuitive ?
    Préférez : Comment décririez-vous votre expérience avec l’interface ?
  • Au lieu de : Pourquoi n’avez-vous pas utilisé notre fonctionnalité de recherche ?
    Préférez : Avez-vous utilisé la fonctionnalité de recherche ? Si non, pour quelle raison ?
  • Au lieu de : À quel point aimez-vous notre produit ?
    Préférez : Comment évalueriez-vous votre satisfaction globale vis-à-vis du produit ?

 

Un bon questionnaire explore sans influencer. Il ouvre la porte à des réponses sincères et utiles.

Erreur 6 : Sous-estimer le temps nécessaire

Planning réaliste pour une étude complète

 

Beaucoup d’équipes pensent qu’une étude de marché peut se faire rapidement, en quelques jours. En réalité, une étude UX demande du temps à chaque étape :

  • Définition des objectifs
  • Sélection de la méthodologie
  • Recrutement des participants
  • Réalisation de l’étude
  • Analyse et synthèse

 

En général, il faut prévoir entre deux et six semaines pour mener une étude sérieuse. Précipiter l’une de ces étapes nuit à la qualité des résultats et compromet l’impact de la recherche.

 

Paliers et points de vérification

 

Pour bien gérer le temps, il est recommandé de structurer l’étude en plusieurs phases, avec des points de contrôle :

  • Phase 1 : cadrage et validation des objectifs
  • Phase 2 : mise en place logistique et recrutement
  • Phase 3 : collecte de données (entretiens, tests, enquêtes)
  • Phase 4 : analyse structurée
    Phase 5 : restitution claire et orientée action

 

Chaque étape doit être validée avant de passer à la suivante. Un bon découpage permet d’anticiper les imprévus sans perdre de vue les objectifs initiaux.

Erreur 7 : Ne pas analyser les données en profondeur

Erreurs dans l’interprétation

 

Collecter des données ne suffit pas. Une mauvaise interprétation peut complètement dénaturer les résultats. Parmi les erreurs courantes :

  • Lire ce que l’on veut entendre plutôt que ce que les données montrent
  • Tirer des conclusions générales à partir d’un nombre trop limité de retours
  • Ignorer les signaux faibles ou les contradictions
  • Ne pas croiser les résultats avec les objectifs initiaux de l’étude

 

Ces pièges nuisent à la crédibilité des recommandations UX et entraînent des choix mal fondés.

 

Outils et bonnes pratiques d’analyse

 

Pour analyser efficacement les données issues d’une étude de marché UX, il est essentiel de suivre une méthode structurée. Quelques bonnes pratiques :

  • Organiser les données par thèmes ou par patterns récurrents
  • Utiliser des grilles d’analyse, des matrices ou des outils comme Notion, Dovetail ou Excel
  • Travailler en binôme ou en groupe pour croiser les lectures
  • Revenir aux verbatims pour éviter les interprétations trop rapides
  • Relier systématiquement les observations à un enjeu concret du projet

 

Une analyse rigoureuse transforme les données en insights utiles et actionnables.

Erreur 8 : Ne pas intégrer les résultats dans la stratégie UX

Comment transformer les insights en actions ?

 

Une étude de marché n’a de valeur que si ses résultats sont utilisés. Trop souvent, les rapports finissent dans un dossier partagé… et oubliés. Pour intégrer les enseignements dans la stratégie UX :

  • Faire une restitution claire, visuelle et orientée décision
  • Traduire chaque insight en recommandation concrète
  • Identifier les impacts sur le produit, les parcours ou la stratégie de contenu
  • Partager les résultats avec toutes les parties prenantes, pas uniquement l’équipe UX

 

Les résultats doivent nourrir les roadmaps, guider les priorités et influencer les choix de conception.

 

Exemple de mise en application

 

Prenons une étude qui révèle que les utilisateurs ne comprennent pas la valeur d’une fonctionnalité clé.
Une action concrète peut être de revoir le wording, ajouter une étape d’onboarding ou simplifier l’accès à cette fonctionnalité.
Autre cas, si les retours montrent un manque de confiance dans le service, cela peut orienter le travail sur les preuves sociales (avis, témoignages) ou la clarté des conditions d’usage.

 

Les insights ne sont pas des constats figés : ce sont des leviers pour améliorer l’expérience à chaque niveau du produit.

Rendre chaque étude utile, aujourd’hui et demain

Éviter les erreurs classiques en UX Research, c’est assurer la pertinence et la crédibilité de chaque étude de marché. Cela permet de produire des insights concrets, de mieux orienter les décisions produit et, surtout, de concevoir des expériences qui répondent aux vrais besoins des utilisateurs.

Mais cette exigence de rigueur ne s’arrête pas aux méthodes. Elle s’applique aussi aux outils, aux compétences, et aux profils mobilisés. Et à l’approche de 2026, un changement de fond s’accélère : l’intégration croissante de l’intelligence artificielle dans les pratiques de recherche, mais aussi dans les processus de recrutement des UX researchers.

 

Mieux comprendre les usages commence par mieux comprendre la façon dont notre métier évolue.

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