Le design responsable, avec Karl Pineau
Dans ce nouvel épisode, nous accueillons Karl Pineau !
Au sein de l’association Designers Ethiques, Karl co-dirige le programme de recherche-action autour du design persuasif ainsi que le comité de pilotage de l’événement Ethics by design.
Le sujet du jour est : Le design responsable.
Au programme :
→ Le contexte dans lequel s’inscrit le design responsable.
→ Repenser les processus de conception pour réduire l’empreinte environnementale des produits et services.
→ Les enjeux du design persuasif et de l’attention.
→ Mesurer l’impact d’un projet design d’un point de vue responsable.
Retrouvez toute la discussion dans cet épisode !
Le lien de l’épisode :
👉 Épisode 18 – Le design responsable, avec Karl Pineau (Designers Éthiques).
Introduction
Léa : Bonjour à toutes et à tous, je suis Léa. Merci de nous rejoindre pour ce nouvel épisode d’Un Poil d’UX en direct de l’agence La grande Ourse. Aujourd’hui, nous accueillons Karl Pineau, membre de l’association Designers Éthiques avec qui nous allons parler de design responsable, de la notion de design éthique et de ce que ces sujets impliquent dans les projets, les organisations et les équipes design. Merci de te joindre à nous aujourd’hui. Pour commencer, je te propose de te présenter en quelques mots.
Karl : Merci de m’accueillir. Je m’appelle Karl. Je suis membre d’une association qui s’appelle Designers Éthiques, qui est une association qui s’intéresse à la responsabilité numérique par le design à travers aussi différents champs et par ailleurs, je suis enseignant chercheur en sciences de l’information et de la communication.
Discussion
Léa : Merci pour cette présentation. Alors pour débuter, il me semble que tu n’aimes pas vraiment parler de design éthique, même s’il s’agit d’un terme qui est de plus en plus répandu aujourd’hui. Est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi ?
Karl : Oui, c’est paradoxal parce que c’est le nom de l’association. Ouais, alors ce n’est pas facile. Comment dire, le terme éthique, en fait, c’est un terme qui est très utilisé et très pratique, mais c’est un terme qui est souvent complexe parce qu’en fait, il est compris par tout le monde de manière différente. Et donc effectivement, l’éthique, est-ce que c’est l’éthique philosophique classique avec la déontologie, l’éthique des vertus ou le conséquentialisme ? Est-ce que, en fait, c’est une sorte de bundle de toutes les problématiques qu’on peut trouver dans le numérique aujourd’hui, que ce soit l’accessibilité, l’écoconception, la persuasion, etc. Tous ces sujets-là, ces différentes versions du terme éthique, en fait, ça crée souvent une confusion, voire des débats. Il y a beaucoup de gens aussi qui vont comprendre le terme éthique comme étant ce qui est bien. Donc ce n’est pas du tout comme ça qu’il faut comprendre ce qu’est l’éthique, c’est plutôt la recherche du bien, c’est le chemin vers le bien. Ça ne prétend pas qu’on l’a trouvé, c’est plutôt dire qu’on cherche. Bref, du coup, voilà précisément le terme éthique qui va être vraiment sujet à de multiples définitions par plein de gens. Moi, je préfère ne pas l’utiliser, même si évidemment il le sera. C’est le nom de notre asso et on l’assume complètement et ça permet aussi de fédérer autour d’un concept qui est assez porteur. Mais effectivement, quand on rentre dans le détail de ce qu’on essaye de produire sur le numérique, moi, je préfère parler effectivement de responsabilité plus que d’éthique qui me semble être un terme qui est plus intéressant en termes de portée de ce que ça induit pour les personnes qui produisent le numérique.
Léa : D’accord, c’est très clair. Merci, comme tu viens de l’expliquer, tu préfères donc parler de design responsable. Est-ce que tu peux nous présenter ce qu’est le design responsable selon toi ?
Karl : Alors en fait, moi le terme responsable, je l’aime bien et c’est un débat d’ailleurs dans la communauté en ce moment. Le terme responsable, je l’aime bien parce que pour moi la responsabilité, c’est une notion juridique. Et donc quand on est responsable, en fait, on doit rendre des comptes des actions qu’on mène. Donc un numérique responsable par exemple, c’est un numérique qui doit rendre des comptes des problématiques qu’il induit pour le reste de la société ou pour l’environnement. Et donc finalement, le terme responsable me parle parce que c’est un terme qui nous engage. C’est une des critiques qui est formulée contre le terme éthique, c’est un terme qui est utilisé beaucoup par celles et ceux qui ne veulent pas de régulation, qui ne veulent pas de législation sur le numérique et qui disent “non non, mais laissez le marché faire, on va développer notre propre éthique et ça va bien se passer”. Et on est très nombreux à considérer qu’il faut une régulation. Et cette régulation, elle induit justement une posture de responsabilité puisqu’une fois qu’il y a une régulation, si on veut se mettre en conformité avec cette régulation, eh bien, il faut être responsable de ses actes devant la loi.
Léa : Ok. Et donc le design responsable, ça englobe au final pas mal de sous-catégories. Est-ce que tu peux nous en présenter en quelques mots certains ? Et puis on reviendra plus en détail sur certaines de ces catégories.
Karl : Ouais, en fait, c’est assez compliqué de les lister toutes, parce que là encore, c’est de la même manière finalement que le terme éthique, parler de responsabilité ou d’éthique, de ce point de vue là, à mon sens, c’est un peu la même chose. Le sujet, c’est que produit le numérique sur les individus, sur notre société et sur l’environnement. Et donc en fait, ça, ça va aller chercher plein d’enjeux de société. Il y a des enjeux qui sont particulièrement à la mode en ce moment. Tout le monde parle des concepts théoriques, des enjeux environnementaux, du numérique, etc. C’est un sujet qui est extrêmement porteur. Il y a des sujets, on va dire historiques, que sont celui de l’accessibilité, qui a été un des premiers à être, je vais dire normé, régulé, avec des normes d’accessibilité, des injonctions, des obligations des grandes entreprises à mettre en œuvre des pratiques d’accessibilité. Il y a des sujets qui, je ne sais pas si on peut les qualifier d’émergents, mais en tout cas qui font de plus en plus parler, que ce soit la question de l’attention, de la persuasion, il y a un champ sur le design systémique qui est aussi de plus en plus verbalisé. Et après, il y a tout un tas de champs qui sont plus ou moins mis en valeur, mais qui gagneraient à l’être. Par exemple, je pense à tout ce qui est électronique ou les injonctions à l’utilisation des écrans ou des services numériques. Tous ces éléments-là, en fait, ce sont pas forcément des choses qui vont être forcément directement mises dans le paquet design, éthique, design responsable, mais ce sont des choses qui potentiellement ont vocation à l’être. En fait, l’idée, c’est de dire que la responsabilité par le design numérique, ce n’est pas une notion finie, ce n’est pas un champ d’expertise fini sur lequel on aurait déjà tout exploré. On se rend compte régulièrement que le numérique pose des enjeux pour telle ou telle raison, que ce soit sur le pouvoir des plateformes, que ce soit sur les travailleurs du clic, ce genre de choses. Et en fait de ça, souvent, ce qu’on prône, c’est que quand on voit des enjeux de ce type-là émerger, il y a un sujet à ce que les designers se posent la question de leur responsabilité vis à vis de ça. De l’inclusion, de l’intersectionnalité du numérique, enfin voilà. Il y a plein de sujets qu’on pourrait aborder à ce titre-là.
Léa : Donc aujourd’hui, ces enjeux du design éthique sont de plus en plus présents dans les discussions et le paysage du design français, comme tu as pu commencer à en parler. Dans quel contexte cela vient s’inscrire et quelle est la responsabilité des designers dans ce contexte ?
Karl : Alors ça, c’est une grande question, la responsabilité des designers. Nous, quand on a créé l’asso, justement, c’était à un moment où on s’intéressait surtout à la question de l’attention et de la persuasion. Et c’est à un moment où, notamment, Tristan Harris, designer américain, product designer, de l’équipe de Gmail chez Google, commençait à faire beaucoup parler de lui et a pointé le vol du temps, de l’attention des utilisateurs, etc. Et donc, nous, on a créé l’asso en partie pour traiter ces questions-là et voir quel était le rôle effectif des designers là-dedans. De fait, si les designers sont ceux qui mettent en œuvre les pratiques de persuasion, pour reprendre ce cas précis, mais qui aussi mettent en œuvre en réalité les interfaces, les fonctionnalités qui peuvent être particulièrement problématiques en termes d’éco-conception ou d’accessibilité, etc. Si ce sont ceux qui font l’opérationnel, en réalité, ce sont pas forcément les designers qui ont un pouvoir de décision qui est particulièrement important ou qui sont responsables des choix qui sont opérés dans la conception des services numériques. Et donc ça, c’est presque une sorte de sous sujet dans le sujet qui est, on va dire, le positionnement des designers vis à vis de leur propre discipline. Aujourd’hui, les designers se retrouvent à assumer le terme design qu’on retrouve partout “UX design, UI Design”, etc. Le terme design est massivement présent, les designers sont d’une certaine manière les responsables, les porte-parole, ceux qui doivent justifier cette discipline. Mais en réalité, ce sont pas forcément eux qui ont tout le temps la main sur les tenants et les aboutissants de cette discipline. Et donc ça, c’est en fait le principal sujet qui est en train de se poser, c’est comment est-ce que les designers ont une forme de dilemme ? Les designers défendent leur discipline en disant, regardez y, elle peut apporter plein de choses bien à la production de services numériques et pas que. Notamment en termes d’utilisabilité et en termes d’expérience utilisateur, etc. Mais d’un autre côté, bah à l’inverse, ils doivent aussi se retrouver à justifier ou à défendre leur discipline quand elle est mobilisée pour des raisons qui sont plutôt négatives. Tout ce qui va être de l’ordre des dark patterns, de pousser la consommation dans des services d’e-commerce, de pousser l’attention dans plein de médias sociaux qui dépendent d’une économie de l’attention. Et donc ça, c’est plus compliqué. Et donc c’est un peu le grand dilemme des designers que de savoir où se placer vis à vis de ça. Il n’y a pas forcément, à mon sens, de décision ou de solution particulièrement facile. On parle souvent, en termes de solutions, de la place des designers dans les organisations et notamment de leurs niveaux hiérarchiques. C’est sûr que c’est un enjeu, mais par contre, ce n’est pas quelque chose qui va se régler d’un claquement de doigt. Il ne suffit pas de dire “bah en fait, il faudrait des Head of Design ou des VP Design” pour résoudre tous ces problèmes-là.
Léa : D’accord, donc comme tu l’as précédemment cité, il y a plusieurs sujets qui constituent le paysage global du design responsable. Et je te propose de revenir sur certains d’entre eux, en commençant par l’accessibilité et l’inclusion. Comment peut-on garantir aujourd’hui que ces principes sont intégrés dans toutes les étapes d’un processus de conception ? Quelles sont les meilleures pratiques pour s’assurer que les produits et services sont accessibles à tous et quel que soit leur niveau d’habiletés ou leurs besoins spécifiques ?
Karl : Ça, c’est une grande question aussi (*rires*). Alors moi, je ne suis pas un expert de l’accessibilité et de l’inclusion, donc je ne vais pas faire comme si j’étais quelqu’un de particulièrement efficace là-dessus. Et d’ailleurs, ça fait même partie des sujets sur lesquels nous, on a du mal à être vraiment bons. Je pense aussi que c’est lié au fait que, en tout cas, le fait que nous, on ait du mal à être particulièrement bon, c’est un sujet sur lequel les designers sont sous formés, notamment dans les formations design qui adresse extrêmement peu la question accessibilité. Il y a souvent une session de sensibilisation, mais ça ne va souvent pas vraiment au-delà. Donc en fait, je pense que ça serait plus intelligent de ma part de faire des recommandations de personnes qui sont pertinentes pour aller creuser ces sujets-là. Et je pense que ces dernières années, c’est notamment autour des services numériques de l’État où il y a eu beaucoup d’avancées. Je pense à tout ce que fait la DINUM, par exemple, ce qu’a produit Anne-Sophie Tranchet, qui est par ailleurs membre de l’association “Designers Éthiques” autour du design accessible, un site web de ressources et qui explique comment justement les designers peuvent prendre en compte ces questions d’accessibilité pour faire en sorte qu’elles soient bien traitées à l’échelle du service. Et en fait, j’ai l’impression que de ce point de vue là, en termes d’écosystème, pour ne pas forcément aller dans les recommandations, mais plus pour parler de l’écosystème, il y a un peu un enjeu, mine de rien. Est-ce que les designers se ressaisissent de cette question-là ? C’est un peu le sujet historique de la responsabilité numérique, mais malheureusement, il est un peu souvent mis de côté. Parce que j’ai l’impression parfois vécue comme une contrainte créative par les designers, notamment d’un point de vue graphique. Et ça, c’est vraiment problématique. Donc voilà, prenez garde à traiter ce sujet-là, les ressources, principalement celles qu’on peut être produites par la DINUM. Et puis il y a plein d’agences ou de structures spécialisées dans l’accessibilité. Je pense à Access42 notamment, qu’est particulièrement connu sur ce sujet-là, qui offre plein de ressources sur lesquelles on peut se former.
Léa : Super, merci pour ces conseils. Un autre sujet clé dans une pratique de design responsable, c’est l’éco-conception dont tu as mentionné le sujet au début. En tant que designer, comment pouvons-nous repenser nos processus de conception pour réduire l’empreinte environnementale des produits et services sur lesquels nous travaillons ?
Karl : C’est que des grandes questions que tu me poses (*rires*). Sur l’éco-conception numérique, il n’y a pas quelques grands principes qu’il faut avoir en tête. Le premier grand principe qu’il faut avoir en tête, ce qui représente l’écrasante majorité de l’empreinte environnementale du numérique. Ce sont les terminaux. Et donc en fait, la priorité, ça doit être de faire en sorte de ralentir le taux de renouvellement de nos terminaux numériques, soit les ordinateurs ou les téléphones. Et donc ça, ça sous entend lutter contre les différentes formes d’obsolescence qui peuvent avoir lieu sur ces terminaux, que ce soit l’obsolescence matérielle, donc typiquement un ordinateur ou un téléphone qui casse ou qu’on laisse tomber son iPhone dans la rue et que paf, l’écran est cassé. Il y a un enjeu à travailler sur la réparabilité plutôt que d’en changer. Ce n’est pas forcément là où les designers numériques en tout cas, ont la part d’action la plus évidente à mon sens, c’est plutôt sur les deux autres facteurs d’obsolescence qu’est l’obsolescence marketing psychologique qui va donc jouer sur le phénomène, l’envie de remplacer ses terminaux numériques. Parce que là, il est plus à la mode, il est vieux, il n’a pas une tête très très jolie, etc. Et donc ça, il y a un enjeu à rendre désirable le numérique, pas forcément high tech. Ça, c’est un vrai sujet, notamment pour tous ceux qui travaillent dans des domaines proches du marketing en design. Et puis il y a un deuxième sujet, et c’est peut-être là le cœur de l’éco-conception numérique, qu’est la question de l’obsolescence logicielle. Et donc comment est-ce qu’on fait en sorte que, en fait, les logiciels qu’on a sur nos ordinateurs, sur nos téléphones, soient relativement légers ? En fait, on se rend compte aujourd’hui que les personnes qui ont un téléphone, qui a 10 ans, 8 ans, 12 ans… Le principal facteur limitant l’usage de leur téléphone, c’est la compatibilité des applications sur le long terme. Le fait que si vous voulez par exemple réserver un billet de train et l’application d’achat de billet va vous dire “ah non, désolé, on supporte plus ce téléphone. Donc, il faut que vous changiez de téléphone pour pouvoir scanner votre QRcode quand vous arrivez sur la borne d’entrée dans le train.” Et donc c’est pour cette raison que les gens changent de téléphone. Et donc c’est là où il y a un vrai enjeu. À produire des applications qui soient dans la durée suffisamment compatible avec les versions anciennes de téléphone et qui soient suffisamment légères pour ne pas faire fondre la batterie du téléphone ou lagguer les vieux téléphones à mort. Et c’est là où on en arrive au réel intérêt du design. Souvent, on a l’impression que c’est une question de développeurs, qu’en fait, il s’agit d’optimiser du code. Alors c’est sûr qu’optimiser du code, c’est une bonne pratique et qu’il faut le faire. Mais il y a un vrai enjeu en fait, à définir quelles sont les fonctions qu’on veut voir sur un service numérique. Est-ce que ça sert à quelque chose de mettre en place une fonction qui va être utilisée peut-être par 5 % des utilisateurs ? La question du périmètre fonctionnel des applications numériques. C’est un enjeu majeur de l’écoconception numérique. Et c’est pour ça que les designers jouent un rôle prégnant parce que, a priori, ce sont justement eux qui vont concevoir l’expérience utilisateur. Donc, ils vont définir quelles sont les fonctionnalités à définir, à mettre en place sur le service. Et c’est là où les choix pertinents doivent se faire.
Léa : C’est très clair. Merci beaucoup. Je te propose maintenant d’aborder une thématique très importante du design responsable. Il s’agit des problématiques liées au design persuasif et au design de l’attention. D’abord, est-ce que tu peux nous expliquer ce qui se cache derrière ces termes ?
Karl : Alors le design de l’attention, c’est un terme qui a été particulièrement popularisé dans les années 2017-2018, notamment en lien avec l’économie de l’attention, donc c’est assez simple, c’est de dire que tout un tas de services numériques ont un modèle économique basé sur notre attention, la valorisation économique de l’attention. Donc l’exemple le plus caractéristique en ligne, ce sont les médias sociaux qui vont diffuser de la publicité lorsque on scroll sur nos fils d’actualité. Et donc c’est cette publicité qui génère de l’argent et donc plus on passe de temps sur ces services, plus ça génère de publicités. Et donc, à partir du moment où l’enjeu c’est de faire passer du temps à l’utilisateur sur le service numérique, eh bien ça devient un enjeu de design puisqu’on peut mettre tout un tas de mécanismes qui vont pousser en place, qui vont pousser l’utilisateur à rester sur le service numérique. Et donc c’est pour ça qu’on parle de design de l’attention. Alors moi, c’est une expression que je n’aime pas beaucoup parce que en fait, ça focalise sur l’attention et donc sur le temps passé souvent, où parfois, on va dériver vers des interprétations sociales ou en termes de santé qui me paraissent être beaucoup plus complexes à aborder, alors que a priori, on n’a pas besoin d’aller sur ces aspects-là pour traiter ce problème, à mon sens en tout cas. Ça ne veut pas dire que c’est un problème, mais pour les designers, je pense que c’est plus simple de pas trop se saisir de cette question-là et c’est pour ça que je parle plutôt de persuasion, parce qu’en fait, ce qui est, ce qui est au cœur de ce sujet-là, c’est la façon dans les interfaces où l’expérience utilisateur va persuader, va modifier le comportement des utilisateurs des services numériques. Et donc ça, aujourd’hui, c’est quelque chose qui est particulièrement présent dans nos applications et il y a plein de mécanismes de persuasion. Le plus connu étant le système de notification, très souvent utilisé pour faire venir un utilisateur sur un service numérique. Et donc ce qui est intéressant, c’est que c’est un sujet qui a été pendant très longtemps sous les radars de beaucoup de structures, mais qui aujourd’hui est de plus en plus mis en visibilité. Et ça, c’est notamment visible d’un point de vue législatif et réglementaire. Parce qu’alors déjà, les autorités de régulation du numérique et du droit à la consommation se saisissent de plus en plus de ce sujet-là. Je pense à la DGCCRF en France, qui recommence à s’intéresser à la façon dont les applications numériques peuvent enfreindre le droit à la consommation vis-à-vis du droit à la consommation existant et donc à sanctionner des pratiques de design persuasifs. Et puis, surtout, depuis quelques mois, le DSA (Digital Markets Act) et le DMA (Digital Services Act) sont entrés en vigueur et en fait, ils incluent tout un ensemble de dispositions qui viennent apposer un cadre réglementaire, qui vont contraindre les pratiques de design persuasive. Et la dimension la plus marquante, c’est l’interdiction dans le cadre du DSA, donc des dark patterns, même si en fait ça pose plein de sujets parce que ça pose la question de comment est-ce qu’on est capable d’identifier un dark pattern ? Comment est-ce qu’on est capable de prouver la présence d’un dark pattern ? Est-ce qu’en fait un dark pattern c’est un élément d’interface ? Est-ce que c’est une expérience utilisateur sur le long terme, dans le temps ? Bref, en fait ça pose plein de questions très pratiques, mais c’est déjà un énorme pas en avant que de voir la reconnaissance du rôle des interfaces dans les problématiques qu’on peut avoir dans les services numériques. Ce qui est vraiment important pour moi, c’est que depuis 20 ans, depuis que le numérique a émergé, tout le monde s’est focalisé sur le code, sur les algos. Tu sais, il y a même cette phrase qui dit le code, c’est la loi. C’est vrai. Mais en fait, je pense que c’est hyper important d’intégrer le fait que l’interface aussi joue un rôle extrêmement important dans la formalisation des habitudes des utilisateurs. Ce n’est pas pour rien qu’on parle d’affordance, de friction, etc. L’interface est particulièrement importante et ça, c’était assez invisibiliser jusqu’à présent à mon avis. J’aurais tendance à dire presque de technosolutionnisme. Où la technologie apparaît magique et le code ça fait plus techno que l’interface. Et donc ce qui est vraiment bien, c’est qu’aujourd’hui, on se rend compte que les autorités de régulation se rendent compte que l’interface joue un rôle et donc commence à la normaliser.
Léa : Et donc, nous, en tant que designer, comment pouvons-nous concevoir de manière responsable à ce sujet-là pour encourager l’engagement et les interactions tout en respectant la liberté individuelle et en évitant les pièges du design persuasif excessif ?
Karl : Eh bien ça, c’est un vrai gros sujet. Il n’y a pas de réponse facile, il n’y a pas de réponse absolue aujourd’hui. Et surtout, ce n’est souvent pas une problématique de design justement, ou en tout cas pas de design d’interface. En fait, je pense que ce qui est hyper important à comprendre, c’est qu’une même interface, un même composant peut avoir une dimension extrêmement persuasive et problématique dans certains cas, et être particulièrement importante dans d’autres cas. Pense que la notification de ce point de vue là est l’exemple le plus simple pour comprendre ce problème. Une notification qui vient vous dire, on va citer LinkedIn aujourd’hui, “vous avez quatre personnes qui ont visité votre profil, cliquez pour en savoir plus”. On est complètement dans une dimension persuasive. L’objectif, c’est d’attirer l’utilisateur sur l’application pour le retenir dans une logique d’économie de l’attention et donc c’est problématique. Par contre, si vous recevez une notification qui vous dit que vous avez un proche qui a besoin d’aide ou que je ne sais pas, il se passe un truc dans votre ville et qu’il faut que vous vous mettez en sécurité, ça, c’est une interface qui est évidemment essentielle. Donc en fait, le problème, il n’est pas au niveau de l’interface, il est au niveau de ce qu’on en fait, et donc c’est là où il faut se mettre des cadres, des règles sur la façon dont on peut utiliser ou pas ces interfaces, et parfois aussi dans la façon dont on va vraiment concevoir le détail de ces interfaces. Et c’est là où en fait, à mon sens, il faut élargir la focale, ne pas parler que d’expérience utilisateur, mais regarder aussi ce qui l’entoure et en fait un exemple intéressant de ce point de vue là, c’est ce qu’a mis en avant la fameuse commission sur les écrans qui a été demandée par Emmanuel Macron, qui a rendu son rapport il y a un mois. Et cette commission, elle parlait de produire des médias sociaux éthiques. Et là, c’est typiquement, je pense, un bon cas d’étude en fait. Parce que si on regarde les médias sociaux et qu’on cherche à produire des médias sociaux éthiques, de prime abord, on pourrait chercher à se focaliser uniquement sur l’interface. On pourrait dire en fait, c’est simple, on va enlever le fil d’actualité, c’est simple, on va enlever les notifications, c’est simple, on va forcer l’arrêt de la pub et puis on va forcer des modérateurs. Sauf que si on y réfléchit un peu, on se rend compte assez vite que ça ne va pas marcher. Ça va produire des services qui vont être particulièrement peu utilisables, on va avoir beaucoup de frictions indésirables. Bref, on va produire une mauvaise expérience utilisateur et donc on va produire des mauvais médias sociaux et donc ça ne fonctionne pas. Parfois, dans les services numériques, on a besoin de laisser des systèmes persuasifs sur le service pour faciliter son utilisabilité. Et donc c’est là où on en arrive justement à ses côtés “side” qui vont permettre de protéger ce service, même s’il est persuasif. Et là, c’est notamment par exemple le modèle de gouvernance. Et je pense que le design, justement, il a plein de choses à apporter au modèle de gouvernance des services des médias sociaux numériques. Si on réfléchit aujourd’hui à la façon dont fonctionnent les médias sociaux qu’on utilise, en fait, ce sont des médias qui sont monolithiques qui dépendent d’une seule entreprise, qui sont totalement centralisées, pas du tout interopérable, etc. Et donc il y a un enjeu assez fort à travailler sur des modèles de gouvernance qui permettent d’avoir une gouvernance ouverte, partagée, qui permettent d’aller vers une forme de démocratie technique en fait, qui justement ouvre le champ des possibles, de la façon dont on utilise les médias sociaux pour en faire confiance. Pour donner un exemple plus pratique : je pense qu’aujourd’hui, ce qui se passe sur Mastodon, c’est particulièrement intéressant. Donc Mastodon, c’est un équivalent de Twitter qui est un logiciel libre (Mastodon). Ça fonctionne exactement comme Twitter. Mais là où c’est intéressant, c’est que donc c’est un logiciel, ce n’est pas un service. Autrement dit, chacun peut installer son instance de Mastodon et ensuite va pouvoir se connecter aux autres instances existantes du média social. C’est ça qui va former le réseau. Et donc, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que chaque instance va pouvoir décider de ses propres règles de régulation. Et c’est ce qui se passe par exemple sur l’instance Mastodon Design, qui est spécifiquement celle des designers, qui est aujourd’hui principalement gérée par un designer qui s’appelle Timothée Goguely. Et c’est hyper intéressant ce qui se passe sur Mastodon Design parce qu’une instance de type Mastodon, ça coûte super cher. Par exemple, sur Mastodon Design, on est 1000 utilisateurs inscrits, on est 300 utilisateurs actifs, ça coûte 500 € par mois à produire pour un service numérique et gratuit. Donc en fait, c’est pas gratuit justement. Et donc la question qui se pose, c’est bien ces 500 € par mois, comment on les trouve en fait ? Et qui fait des dons pour venir alimenter l’utilisation du média social ? Justement, c’est ça qui se pose comme question. Timothée, régulièrement, il sollicite la communauté pour dire “Est-ce que vous préférez faire un système de dons ?”, “Est-ce qu’on fait un système d’abonnement ?”, “Est-ce que vous préférez qu’on augmente le budget nécessaire et que je ne sais pas, il nous faut 500, 600, 700€ par mois. Parce qu’en fait, la masse de la masse de messages a augmenté sur le service. Ou au contraire, est-ce que vous préférez qu’on bride la quantité d’historique, qu’on peut conserver la taille des images, de la longueur des fils d’actualité ? Parce qu’en fait, vous préférez payer moins cher ?”. Et donc ben voilà, il faut que le service en conséquence, il s’adapte. Et donc c’est là où on en revient sur des logiques de démocratie technique parce qu’on se réapproprie à la fois les enjeux qui sont posés par les médias sociaux numériques, en termes économiques et en termes d’infrastructure. Mais on se réapproprie aussi la capacité des utilisateurs à co-décider ce qui s’y passe. Et je pense que justement, le design a plein de choses à apporter là-dedans. Alors que ce soit en termes d’interface, mais aussi de modèle de gouvernance parce que voilà ce qu’on fait sur Mastodon Design, en fait, ça se fait de manière hyper organique, sans qu’il y ait vraiment de dispositif qui soit complètement fait, mis en place pour gérer ce débat et cette discussion démocratique. Mais on pourrait complètement imaginer qu’il y ait des processus qui permettent de faire ça. Et donc en fait, tout ça pour dire quoi ? Tout ça pour dire que l’interface, les systèmes persuasifs, c’est que la pointe émergée de l’iceberg, ce que nous, on perçoit parce que ça nous impacte. Mais derrière, ce qui est hyper important, c’est de se ressaisir des enjeux démocratiques, de ces systèmes qui impactent nos vies au quotidien. Ce que je dis souvent, ce sont nos villes, nos états : on n’imaginerait jamais que ce soit géré par des groupes privés sur lesquels on n’a aucun poids, alors que nos médias sociaux, qu’on voit comme qu’on perçoit comme des agoras numériques, ça ne pose aucun problème que ce soit un homme, Mark Zuckerberg, qui possède l’écrasante majorité de ces médias sociaux et qui ne laisse absolument aucune place à des formes de discussion sur la gouvernance.
Léa : Tout à fait, hyper intéressant comme sujet. Donc concrètement, comment peut-on mesurer l’impact d’un projet d’un point de vue responsable ?
Karl : Ça, c’est une bonne question. Nous, c’est un truc sur lequel on essaie de travailler depuis pas mal de temps à Designers Éthiques. Ce dont on se rend compte aujourd’hui, c’est qu’il faut, pour aller vers cette mesure de la responsabilité justement, segmenter les champs. C’est un peu ce que je disais au début quand on se dit que la responsabilité, ça peut être l’écoconception, l’accessibilité, la persuasion, le système, etc, etc. Ce qu’il faut, c’est segmenter les champs et après ce qu’il faut, c’est développer des critères par champs. Ça, c’est en train d’arriver puisque sur l’accessibilité, on va avoir le RGAA, sur l’écoconception, on a le RGESN. Sur les questions de persuasion, il n’y a pas forcément encore de référentiel, mais il commence à y avoir des guides en lien avec Designers Éthiques. Il commence à y avoir les cadres réglementaires et aujourd’hui, un des enjeux, c’est notamment de rassembler ces cadres réglementaires pour en faire des checklists, des guides, mais en fait le constat derrière, c’est que c’est impossible d’être expert sur tous ces sujets-là. Enfin moi, c’est un peu ce que je disais début, je connais bien le sujet de la persuasion. Je connais beaucoup moins bien le sujet de l’accessibilité. Je pense que c’est impossible d’être pertinent dans tous les sujets et donc si on veut produire des systèmes responsables, alors soit on a des grosses équipes et on a une personne spécialisée dans chaque domaine. Donc, on a de la chance, soit il faut qu’on arrive à développer des services, oui, des services qui facilitent ce travail de mise en conformité des différents enjeux de responsabilités. Et donc ça, c’est quelque chose qu’on essaye de faire. On a notamment publié il y a quelques mois un index de la conception responsable qui essaie de justement faire une synthèse des différentes normes de responsabilité et des différentes recommandations qui ont pu être formalisées. Il y a peut-être d’autres propositions à faire sur ce sujet-là, mais aujourd’hui, je pense que c’est effectivement ça. Il n’y a pas de solution magique pour produire des services responsables. Il faut se plonger dans le sujet, il faut être expert de ces sous-catégories, de ces sujets-là. Aujourd’hui, l’éco-conception c’est de plus en plus le cas, il y a de plus en plus de personnes qui sont formées, qui sont expertes ou référentes dans leur structure et pour les sujets qui sont un peu moins mis en visibilité. En fait, il faut qu’on arrive à développer des services sur lesquels les designers peuvent s’accrocher.
Léa : Ok. Et donc, selon toi, quel est l’avenir du design responsable et quels sont les défis à surmonter pour sa généralisation ?
Karl : J’aurais tendance à dire qu’il est fort probable qu’il y ait de nouveaux enjeux qui apparaissent à venir. Alors quand on dit ça, tout le monde va penser à l’IA (*rires*). Alors, je ne sais pas s’il y avait vraiment se poser en enjeu de responsabilité numérique pour les designers. On verra dans les mois à venir. Mais au-delà de ça, je pense que la question de l’inclusivité est largement sous traitée aujourd’hui par les designers. La question des minorités et de l’intersectionnalité est aussi assez peu traitée, les droits des travailleurs aussi. Donc il y a pas mal d’enjeux sociaux qui sont assez ignorés. En fait, si on regarde avec le recul, j’ai l’impression qu’on a plutôt focalisé jusqu’à présent à la fois sur les enjeux environnementaux et sur les enjeux individuels. Mais pas trop sur les enjeux sociaux du numérique. Donc moi, j’aurais tendance à dire que dans les prochaines années, c’est surtout sur ces aspects-là que va focaliser la responsabilité par le design. Parce que, avant d’en arriver à du RGESN qui est capable de dire, en fait, sur votre service numérique, il y a telle et telle et telle recommandation sur l’éco-conception numérique. Mais en fait, il faut être capable de formaliser la problématique posée par les enjeux environnementaux et être capable de dire en quoi est-ce que le design peut apporter une réponse sur les enjeux d’éco-responsabilité numérique. Et donc c’est encore ce travail-là qui reste à faire sur une bonne partie des sujets que sont des sujets de société. Donc j’aurais tendance à dire qu’il y a déjà un premier point sur ça. Et après, en fait, ce qui est intéressant, c’est de voir que de plus en plus, nos sujets de responsabilité numérique sont objets de réglementations comme on disait tout à l’heure, réglementations européennes ou nationales. À la fois, c’est une bonne chose parce qu’en fait ça veut dire que ça avance, mais il y a aussi peut-être un risque pour la créativité. Je ne sais pas s’il faut dire la créativité en design, mais en tout cas, il y a un enjeu qui va se poser assez fortement sur ce que les designers peuvent ou ne peuvent pas faire. Je pense que le sujet RGPD a été particulièrement un bon exemple de ce point de vue là. Il y a tout un tas de services numériques aujourd’hui où, sur la front page institutionnelle du site, les mentions qui sont inscrites relèvent bien plus du service juridique que des équipes de design. Parce qu’il faut que telle mention marketing soit affichée dans telle taille de pixels minimale, le bouton pour accepter ou refuser les cookies doit être situé à cet endroit-là et pas à tel endroit. Et en fait, ça, ça a été balisé par les services juridiques et les designers auront, d’une certaine manière, un choix extrêmement limité dans la capacité à produire ces interfaces. Il y a un risque à ce que ça, ça s’étende, en fait, à d’autres interfaces que ces front pages institutionnelles ou les bandeaux RGPD parce qu’en fait à partir du moment où le DSA dit “Bah en fait, si vous faites un dark pattern, c’est 6 % du chiffre d’affaires mondial de sanction.” Bah en fait, les enjeux économiques, ils sont extrêmement importants. Et donc voilà, à mon sens, aujourd’hui, on est un peu dans cette zone d’entre deux où d’un côté c’est bien que tous ces sujets-là soient enfin pris au sérieux et enfin traités par les instances de régulation. Mais de l’autre côté, il ne faut pas que les designers, ils se laissent dépasser sur les aspects réglementaires parce que sinon, effectivement, ils vont plus avoir la main sur les différents aspects et on va leur donner un jeu d’interface DSA ou DMA compatible avec lesquels ils auront le droit de jouer, mais qui sera beaucoup, beaucoup, beaucoup plus limité que ce que ne permet de faire, par exemple, un design system actuel.
Léa : Ok, et dernière question avant de terminer, est-ce que tu as des conseils à partager aux designers qui souhaitent intégrer les principes responsables dans leur pratique ?
Karl : Rejoignez Designers Éthiques (*rires*). Il y a plusieurs enjeux de ce point de vue là. Quand je dis “rejoignez Designers éthiques” d’une certaine manière, c’est à la fois une blague et d’un autre côté, je pense que les différents types d’actions qu’on met en œuvre sont vraiment utiles de ce point de vue là. Donc même si vous ne voulez pas aller vers notre association, je pense que vous avez intérêt à faire ce qu’on propose de faire, c’est-à-dire : faire de la veille, regarder quelles sont les ressources qui sont produites au fur et à mesure sur ces sujets-là pour suivre les évolutions du métier. Sur cette question de rejoindre les communautés, il y a plein de communautés qui s’intéressent à ces sujets-là, ça permet de voir aussi comment font d’autres designers sur ces questions, partager des bonnes pratiques, aller à des événements qui traitent de ces questions-là et c’est super. On voit que de plus en plus d’évènements traitent largement ces questions-là au sein du monde du Design, je pense au “UX Days” qui est une programmation en 2024 qui met largement de plus en plus l’accent sur ces questions-là. Et ce n’est pas la première année, je pense à Paris Web, qui évidemment depuis de nombreuses années traite largement ces questions. Donc aller dans les communautés pour rencontrer des personnes et faire des partages d’expériences et puis se former, c’est assez essentiel. Il est probable que vous n’ayez pas été forcément formés aux enjeux d’éco-conception quand vous étiez en formation de design. Peut-être pas non plus aux questions d’accessibilité ou de persuasion, ça, c’est sûr que non. Et donc en fait, aujourd’hui, c’est important de se former sur ces sujets-là pour être capable justement d’avoir les bons réflexes, les bons principes, même si on n’est pas forcément expert absolu, qu’on ne connaît pas le détail du RGESN. Savoir que ce qui compte, c’est le non-renouvellement des terminaux numériques, c’est important quand même.
Léa : Bien sûr. Merci beaucoup Karl pour toute cette discussion qui a été super riche et super intéressante et à bientôt, j’espère. Merci à tous de nous avoir suivis sur cet épisode du podcast Un Poil d’UX de La grande Ourse. N’hésitez pas à vous abonner, à réagir et à partager le lien de l’épisode sur vos réseaux. Vous pouvez également retrouver de nombreux articles traitant du design UX/UI et de nombreux autres sujets sur notre site https://lagrandeourse.design/blog/. À bientôt !