8 heuristiques de Bastien & Scapin
16/02/2023

Les critères de Bastien & Scapin

Les critères de Bastien & Scapin découlent du travail de recherche de ces deux experts en ergonomie cognitive. Ces heuristiques servent à réaliser une évaluation experte plus holistique, dans le but de dégager les défauts d’utilisabilité qui dégradent la performance de l’expérience utilisateur.

 

Ces critères ergonomiques se distinguent par une grande polyvalence, permettant de les utiliser dans différentes évaluations : application mobile, site internet, logiciel métier, etc.

 

Il s’agit d’une grille d’évaluation comportant 8 critères que nous allons parcourir dans cet article.

Aperçu sur les heuristiques de Bastien & Scapin

Les critères ergonomiques de Bastien & Scapin ont été publiés en mai 1993 dans l’article : “Critères Ergonomiques pour l’Évaluation d’Interfaces Utilisateurs”, dans le cadre de leurs recherches visant à optimiser l’expérience utilisateur des Interfaces Homme-Machine (IHM).

 

Le projet de ces deux chercheurs consiste à prendre en compte les caractéristiques humaines dans la conception des interfaces UI, afin de rendre ces dispositifs plus utilisables et d’offrir à l’utilisateur un dialogue plus constructif.

Ces heuristiques s’avèrent importantes, pour ces raisons : 

  • Elles permettent de réaliser des évaluations plus rapides et plus ficelées.
  • Elles sont accessibles aux non experts, vu la simplicité de leur mise en œuvre.
  • Elles sont polyvalentes et elles sont réutilisables dans différents contextes, telles que l’évaluation de la même application sur un appareil mobile et sur desktop.

Les 8 heuristiques de Bastien & Scapin

Guidage

 

Le guidage concerne l’ensemble des directives mises en place (notifications, microcopies, animations, etc) pour conseiller, guider, alerter et renseigner l’utilisateur, pendant son interaction avec le système interactif. 

 

Tel est l’exemple du message de confirmation de l’ajout d’un article dans le panier de l’internaute. Ou bien, la microcopie utilisée pour alerter le visiteur concernant le non-respect du format d’un champ (date, numéro de téléphone, etc).

 

Le guidage est réparti en 4 sous-critères.

 

Incitation

 

L’incitation concerne les outils employés pour inciter l’usager à réaliser certaines actions pour aboutir facilement à l’objectif escompté. Cela couvre aussi les moyens adoptés pour l’orienter et lui renseigner sur le contexte dans lequel il se trouve. Tel est l’exemple de :  

  • Des mécanismes d’aide utilisés dans les formulaires pour aider l’usager à respecter les syntaxes de saisie et les formats requis pour remplir convenablement les champs.
  • Les popups d’alertes permettant d’attirer l’attention de l’utilisateur vers une action non accomplie convenablement.

 

Groupement/Distinction entre Items

 

Il s’agit de regrouper les composants UI selon deux critères : la localisation et le format, dans l’objectif d’obtenir des groupes d’éléments visuels homogènes et cohérents.

  • La localisation : il s’agit de regrouper les composants UI selon leur emplacement dans l’interface IHM.
  • Le format : il s’agit de différencier des éléments UI en fonction de leurs propriétés graphiques : taille, couleur, format, etc. Cela permet de dégager les ressemblances et les dissemblances entre les groupes d’items et les éléments du même groupe.

 

Feedback immédiat

 

Le système doit réagir en temps réel à chaque action réalisée par l’usager. Ce dernier doit avoir un feedback immédiat concernant toutes ses interactions avec l’interface UI. Cela assure une meilleure transparence et rend le parcours utilisateur plus clair.

 

Par exemple, il est fortement recommandé d’afficher un message ludique, lors de téléchargement d’une ressource volumineuse, comme : “Merci de votre patience, il ne reste que 10 % à télécharger”.

Lisibilité

 

La lisibilité est une condition essentielle pour assurer la bonne compréhension des informations et éviter la distraction de l’utilisateur. Notamment, il est fortement recommandé de : 

  • Éviter l’utilisation de plusieurs typographies dans la même interface graphique. Cela nuit à la cohérence visuelle de cette dernière et réduit l’ergonomie de l’interface.
  • Respecter le contraste de luminance défini par la Norme ISO 9241-303, concernant les règles ergonomiques à respecter pour assurer un dialogue homme-machine efficace. 

 

Charge de travail

 

Cette heuristique évalue la capacité du système à orienter efficacement l’usager vers son objectif, sans engager une charge perceptive. Elle se compose des sous-critères qui suivent.

 

Brièveté

 

Ce critère est fondamental pour assurer une interaction allégée avec le système. Plus le nombre d’items à parcourir et d’entrées à taper est limité, plus les risques d’erreur sont réduits. Pour cette raison, il faut éliminer : 

  • Les contenus trop longs et dépourvus de valeur ajoutée.
  • Les fonctionnalités compliquées ou qui intègrent de nombreuses actions à effectuer pour aboutir à un objectif donné.
  • Les étapes farfelues dans le parcours utilisateur. 

 

La brièveté est scindée en 2 sous-critères :

  • La concision : ce critère vise à réduire la charge de travail de l’usager concernant la visualisation des éléments graphiques et l’appréhension de leur signification. 

 

Par exemple, il est pertinent d’afficher l’indicatif téléphonique correspondant au pays sélectionné par l’internaute, au lieu de lui demander de le taper lui-même.

  • Actions minimales : il s’agit de réduire pertinemment le nombre d’actions à accomplir par les utilisateurs, dans le but de rendre l’interaction plus fluide et plus rapide et d’éviter au maximum les risques d’erreurs. 

 

Par exemple, il est intéressant d’utiliser l’auto-complétion, en se basant sur les informations de la session utilisateur en cours, pour accélérer le remplissage des champs du formulaire et réaliser un meilleur gain de temps.

 

Densité informationnelle

 

Il s’agit de minimiser la quantité d’informations et de composants visuels, afin d’aérer l’interface UI et de mettre en avant uniquement les données les plus importantes pour l’usager. En effet, plus la charge informationnelle est dense, plus le risque de distraction s’accentue et plus la possibilité d’erreur augmente.

 

Les capacités mnésiques de l’être humain sont limitées à court terme. Donc, il est inutile de demander aux utilisateurs de réaliser des procédures compliquées, ou de comprendre beaucoup d’informations pour atteindre le but envisagé.

 

Par exemple, le système doit anticiper certaines données en fonction du contexte et en se référant à aux informations de la session utilisateur. Cela évite à l’usager de mémoriser et de retaper certaines données en naviguant d’une interface à une autre.

 

Contrôle explicite

 

Ce critère concerne la prise de contrôle du parcours par l’utilisateur. Cela veut dire que le système doit réagir aux différentes actions réalisées par l’usager, de sorte à donner l’impression que ce dernier dispose du contrôle absolu de son parcours.

 

Cette heuristique prend aussi en compte la capacité du système à réagir convenablement par rapport aux actions explicites de l’usager.

Actions explicites

 

Ces actions concernent les activités à accomplir pour assurer une liaison entre les fonctionnalités du système et les actions de l’utilisateur. Plus la corrélation entre les opérations du système et les actions de l’utilisateur est forte, plus la probabilité d’erreur est minimisée.

 

Cela dit, le système doit répondre exactement et précisément aux actions explicites de l’usager, dans l’objectif d’assurer une expérience utilisateur convaincante.

 

Par exemple, il est important de mettre en place un bouton “Valider les informations”, pour affirmer les données personnelles entrées par l’internaute, avant de procéder à l’achat d’un article. 

 

Contrôle utilisateur  

 

L’utilisateur doit avoir les mécanismes nécessaires pour interagir avec le système selon ses besoins. Notamment, il faut lui accorder la possibilité de : 

  • Interrompre un processus en cours.
  • Annuler ou reprendre une action.
  • Retourner à la page d’accueil, depuis n’importe quelle autre page.

 

Plus l’usager dispose d’un contrôle souple du dialogue avec le système, plus son parcours est fluide et plus la performance du site ou de l’application est affirmée.

 

Adaptabilité

 

Cette heuristique définit la capacité du système à réagir convenablement par rapport aux actions et aux préférences de l’usager. Par ailleurs, la même tâche peut être interprétée et effectuée de différentes manières, en fonction des caractéristiques du profil de l’utilisateur. 

 

Pour cette raison, ce critère est analysé selon deux éléments : la flexibilité et le niveau d’expertise des utilisateurs. 

 

La flexibilité

 

La flexibilité de l’interaction avec le système est évaluée en fonction des options et des possibilités de personnalisation offertes aux utilisateurs, pour adapter l’interface UI à leurs besoins et leur offrir le confort nécessaire pour réaliser leurs tâches en toute efficacité. 

 

Autrement dit, cette heuristique mesure le niveau d’adaptabilité de l’interface IHM aux différents usages des utilisateurs, leur permettant, notamment, d’atteindre le même objectif de différentes manières.

 

La prise en compte de l’expérience utilisateur

 

Le système doit être polyvalent pour répondre correctement aux besoins des différents profils des utilisateurs, qu’ils soient :  

  • Des usagers expérimentés qui maîtrisent le dialogue avec les interfaces du système. Dans ce cas, le système doit permettre à ces derniers de passer les étapes d’apprentissage. 
  • Des débutants qui nécessitent des mécanismes d’accompagnement pour se familiariser avec les fonctionnalités du système.

 

Gestion des erreurs

 

Cette heuristique concerne les moyens mis en œuvre pour contourner les erreurs qui peuvent survenir pendant l’interaction avec le système interactif et les solutions envisagées pour les surmonter.

 

Les erreurs représentent des facteurs défavorables qui nuisent à la qualité de l’interaction avec le système et qui conduisent à une expérience utilisateur insatisfaisante. Cela concerne notamment les saisies incorrectes des données, l’inadéquation de certaines entrées avec la syntaxe ou le format requis. 

 

Ce critère comporte les 3 sous-critères qui suivent.

 

La protection contre les erreurs

 

Le système doit être doté des moyens requis pour anticiper et détecter les éventuelles erreurs. Par exemple, il faut mettre en place les contrôles nécessaires pour vérifier l’adéquation entre les informations entrées et les formats des champs correspondants.

 

Il est aussi recommandé d’éviter de donner aux utilisateurs plusieurs choix pour réaliser une action avec le moins d’erreurs. Cela évoque l’ennui de ces derniers, dont certains n’hésitent pas à négliger ces renseignements et passent rapidement à l’étape suivante. 

 

La qualité des messages d’erreurs 

 

Les messages d’erreurs doivent être adaptés à la nature de l’erreur rencontrée. Le système doit renseigner l’usager sur les actions à effectuer pour s’en sortir, en utilisant des messages concis, explicites, précis et facilement compréhensibles, en plus d’un ton neutre pour que les messages soient appréhendés correctement par les différents utilisateurs. 

 

Les messages d’erreurs de qualité contribuent à optimiser l’apprentissage des fonctionnalités du système et à expliquer aux utilisateurs les causes de ces défauts et les procédures envisagées pour les éliminer.

 

La correction des erreurs

 

Le système doit offrir aux usagers des outils pertinents pour prévenir et corriger les erreurs commises. En guise d’illustration, pour un champ texte, il est intéressant d’afficher le nombre de caractères tapés et le nombre maximal à ne pas dépasser, pour éviter la non validation du formulaire. 

 

Homogénéité / Cohérence

 

L’homogénéité consiste à préserver les mêmes styles de conception pour les interfaces UI appartenant au même contexte d’usage. Cela concerne par exemple les codes, les conventions de dénomination, la localisation des composants UI, etc.

 

C’est notamment l’exemple des sites officiels du gouvernement : comme : legifrance.gouv.fr, gouvernement.fr, service-public.fr, etc, qui revêtent le même style graphique, pour identifier de manière unique ces sites administratifs.

 

Pareillement, la cohérence consiste à assurer une stabilité visuelle entre toutes les interfaces UI du même produit digital. Par exemple, il faut :  

  • Adopter le même format des éléments visuels (couleur, police de caractère, mise en page) sur toutes les pages d’un site ou d’une application. 
  • Garder les mêmes emplacements pour les menus standards.
  • Appliquer le même style éditorial (tournures de phrase, ton, ponctuations, etc) sur toutes les interfaces.

 

Signification des codes et dénominations

 

Ce critère concerne la cohérence entre un élément de l’interface IHM et sa dénomination ou sa signification. Par exemple, il faut choisir l’icône adéquate pour illustrer exactement la fonctionnalité paramétrage ou copier-coller.

 

Par ailleurs, il est important d’éviter le jargon trop technique qui est compréhensible uniquement par les professionnels et qui n’est pas accessible aux autres usagers.

 

Il faut signaler que les codes insignifiants ou aberrants peuvent induire l’usager en erreur et résulter par conséquent dans un dialogue inutile.

 

Compatibilité

 

Ce critère évalue :   

  • La compatibilité entre les entrées (inputs) fournies par l’utilisateur et les sorties (outputs) générées par le système. 
  • La concordance entre les performances de l’utilisateur (concentration, rapidité, capacités mnésiques, etc), ses contraintes (état psychologique, handicaps, etc) et les tâches qu’il doit effectuer. 
  • La cohérence entre les différentes étapes et interactions qui définissent le parcours utilisateur.

 

La bonne compatibilité du système permet de renforcer la symbiose du dialogue entre les usagers et le système et de réduire les risques d’erreurs qui peuvent résulter d’un mauvais apprentissage du système.

Mot de la fin

Les heuristiques de Bastien & scapin deviennent des références dans l’ergonomie informatique et dans la conception d’interfaces IHM centrées sur l’utilisateur.

 

Ces critères s’adaptent à différents usages et ils sont indiqués pour réaliser des évaluations expertes simples et rapides, même par les non-spécialistes.

 

Ces heuristiques d’évaluation sont encapsulées dans une grille d’analyse renferment 8 critères ergonomiques, dans l’objectif de faire éclore des problèmes d’utilisabilité qui rendent l’interaction avec l’interface UI moins intéressante et plus compliquée.

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