29/11/2025

Les 11 erreurs de débutant en UI Design et comment les éviter

Se lancer en UI Design est toujours excitant; on découvre Figma, on joue avec les couleurs, on empile les artboards… et très vite, on réalise que créer une interface efficace ne se résume pas à aligner quelques rectangles arrondis. Comme dans tout métier, les débutants tombent souvent dans les mêmes pièges. Rien de grave, l’UI s’apprend, se pratique et se perfectionne.

 

Le problème, c’est que ces erreurs ont un impact direct sur la clarté, la cohérence et l’efficacité d’une interface. Elles peuvent faire hésiter l’utilisateur, brouiller la hiérarchie de l’information ou carrément rendre une action incompréhensible. La bonne nouvelle ? Elles sont prévisibles, repérables… et surtout, évitables.

Erreur n°1 : Mélanger trop de styles visuels

Pourquoi c’est problématique

 

Quand une interface mélange trop de typographies, de couleurs et de styles d’icônes, elle perd immédiatement en cohérence. L’utilisateur doit alors fournir un effort supplémentaire pour comprendre ce qu’il voit. Ce manque d’unité visuelle rend l’expérience confuse : rien ne semble appartenir au même système, chaque élément paraît avoir été ajouté indépendamment du reste.

 

Au-delà de l’esthétique, c’est une question d’ergonomie; une interface incohérente fatigue, ralentit la lecture, et donne une impression d’amateurisme. Plus l’utilisateur doit interpréter les variations visuelles, moins il peut se concentrer sur l’action à effectuer.

 

Bonnes pratiques à adopter

 

La première règle est de réduire volontairement la variété.
Utiliser une seule famille typographique (avec 2 à 3 styles : regular, medium, bold) suffit largement dans la majorité des cas. De même, une palette bien définie avec une couleur principale, une couleur secondaire et quelques couleurs d’état est beaucoup plus efficace qu’un arc-en-ciel non maîtrisé.

 

Ensuite, choisis un seul style d’icônes et tiens-t’y; outline, filled, 2px, arrondies… peu importe, du moment que l’ensemble reste homogène.
Enfin, créer un mini design system avec ces éléments (typographies, couleurs, icônes, espacements, composants basiques) permet d’assurer la cohérence de toutes les pages, même quand tu avances vite.

Erreur n°2 : Une hiérarchie visuelle insuffisante

Comment cette erreur se manifeste ?

 

L’absence de hiérarchie se traduit par des écrans où tout semble avoir la même importance. Les titres sont trop petits, les paragraphes trop proches, les boutons ressemblent à du texte ou à des actions secondaires. L’utilisateur se retrouve alors face à une interface plate, sans repère, dans laquelle il doit chercher ce qu’il devrait simplement voir.

 

Cette erreur crée de la confusion; si tout paraît prioritaire, rien ne l’est.
Les utilisateurs hésitent, scrollent plus que nécessaire, ou passent à côté d’informations essentielles.

 

Méthodes simples pour structurer l’information

 

La hiérarchie visuelle repose sur trois leviers simples; taille, poids, espacement.
Augmenter nettement la taille d’un titre, renforcer son poids (bold), ajouter de la respiration avant et après… et tout s’éclaire immédiatement. C’est la méthode la plus rapide pour clarifier un écran.

 

Ensuite, mets en avant les actions principales; un bouton prioritaire doit se distinguer clairement, être visible, identifiable, et positionné à l’endroit le plus naturel du parcours.
Enfin, utilise le contraste intelligemment; un CTA plus visible, une section plus sombre ou plus claire, un fond légèrement différent… autant de signaux qui guident l’œil sans le surcharger.

Erreur n°3 : Négliger les espacements et le rythme

Les signes qui ne trompent pas

 

Quand les espacements sont négligés, l’interface semble serrée, confuse ou mal organisée. Les éléments collés donnent une impression de “bloc compact” difficile à lire, et les sections mal séparées perdent leur fonction; guider la compréhension.

 

Un manque de rythme crée une interface plate, où les yeux ne savent pas où s’arrêter. L’utilisateur ressent de la fatigue visuelle et l’impression diffuse que “quelque chose cloche”, sans forcément savoir expliquer quoi.

 

Les techniques pour créer de l’harmonie

 

Le moyen le plus simple d’obtenir une mise en page propre est d’utiliser un grid system en 4pt ou 8pt, cela crée une cadence régulière et prévisible.
Après, pense tes écrans en blocs logiques; regroupe les éléments qui appartiennent ensemble, sépare ceux qui sont différents. Cette organisation renforce immédiatement la lisibilité.

 

Vérifie enfin l’alignement des textes sur une baseline grid. Cela semble subtil, mais crée une harmonie visuelle incroyable. Même si l’utilisateur ne le voit pas consciemment, il le ressent.

Erreur n°4 : Utiliser la couleur comme unique signal

Les risques en termes de compréhension

 

S’appuyer uniquement sur la couleur pour transmettre une information est un piège fréquent. Par exemple; marquer un état actif uniquement en bleu, un état inactif en gris, une erreur en rouge… sans aucune autre indication.
Le problème ? Jusqu’à 8 % des utilisateurs sont concernés par des formes de daltonisme, et la perception des couleurs varie énormément selon les écrans, la luminosité ou même la fatigue visuelle.

 

En pratique, cela signifie que des informations essentielles peuvent passer inaperçues. Une interface basée uniquement sur la couleur est fragile, peu accessible et souvent ambiguë.

 

Stratégies pour rendre l’interface plus accessible

 

Toujours compléter l’information colorée avec d’autres signaux; forme, texte, icône, état de bordure, ombre légère…
Une action active peut être mise en avant par son contraste, son type de composant ou une icône, pas seulement par sa couleur.

 

Pour les messages d’erreur, par exemple, combine un texte explicite, une icône universelle (⚠️), et un style distinctif (bordure, fond, taille).

 

Et n’oubliez jamais de s’appuyer sur les recommandations WCAG, cela permet d’assurer un niveau d’accessibilité solide; ratios de contraste, signaux multiples, distinctions visuelles.

Erreur n°5 : Incohérence dans les composants

D’où vient cette inconsistance ?

 

L’incohérence apparaît souvent quand les composants sont créés “au fil de l’eau”. Un bouton un peu plus arrondi ici, un champ légèrement plus haut là, une carte avec une ombre différente ailleurs…
Ces petites variations isolées finissent par créer un ensemble hétérogène, où chaque écran semble appartenir à un autre produit.

 

Souvent, ce manque de cohérence vient :

  • d’un design system inexistant ou non suivi,
  • de modifications ponctuelles non documentées,
  • d’un travail à plusieurs designers sans règles communes,
  • d’une volonté de “faire joli” plutôt que “faire cohérent”.

 

Comment créer des règles solides ?

 

La solution est simple : standardiser.
Créer des composants uniques, documentés, avec des variantes contrôlées (taille, état, usage).
On définit pour chaque élément :

  • sa forme,
  • ses espacements internes,
  • sa typographie,
  • ses états (normal, hover, focus, disabled),
  • ses règles d’utilisation.

 

Ensuite, on impose une logique : un bouton principal doit être identique partout, un champ de formulaire aussi, etc.
Un bon composant n’est pas le plus esthétique; c’est celui qui peut être réutilisé 100 fois sans variation inutile.

Erreur n°6 : Surcharger les écrans par peur du vide

Les erreurs typiques de surcharge

 

La peur du vide pousse beaucoup de débutants à remplir l’espace; textes trop longs, éléments trop nombreux, options visibles en permanence, images décoratives, multiplicité d’informations “au cas où”.

 

Cette surcharge donne un écran :

  • dense,
  • bruyant,
  • difficile à lire,
  • et anxiogène pour l’utilisateur.

 

Le vide n’est pas un manque, c’est un outil de structure.

 

L’art de simplifier l’expérience

 

Pour simplifier, commence par te poser une question :
“Qu’est-ce qui doit absolument être visible ici, maintenant ?”

 

On réduit :

  • les contenus non essentiels,
  • les actions secondaires,
  • les décors inutiles,
  • les appels à l’attention superflus.

 

Le vide, ou l’espace négatif, crée de la respiration et guide l’œil.
Une interface claire n’est pas celle qui montre tout, mais celle qui montre ce qui compte au bon moment.

Erreur n°7 : Oublier les états d’interaction

Qu’est-ce qui manque exactement ?

 

Une interface n’est pas une image, elle vit.

 

Pourtant, beaucoup de maquettes ignorent :

  • les états hover,
  • les états pressed,
  • les états disabled,
  • les états de chargement,
  • les erreurs,
  • les succès.

 

Sans ces états, l’interface manque de feedback. L’utilisateur ne sait pas si son action a été prise en compte, s’il peut cliquer, si le système travaille ou s’il a fait une erreur.

 

Les états indispensables à prévoir

 

Un bon UI designer conçoit :

  • l’avant (état normal),
  • le pendant (hover, focus, loading),
  • l’après (success, error).

 

Ces états doivent être visibles, cohérents et prévisibles. Ils rassurent l’utilisateur et rendent l’expérience fluide et intuitive.

Erreur n°8 : Mal gérer la responsivité

Les mauvais signaux d’une interface non responsive

 

Une interface mal pensée pour le responsive présente des symptômes typiques :

  • textes qui débordent,
  • boutons trop serrés ou inaccessibles,
  • images coupées,
  • alignements cassés,
  • informations importantes repoussées trop bas.

 

Le résultat est une expérience dégradée, voire inutilisable, surtout sur mobile.

 

Les approches pour adapter efficacement les écrans

 

Une bonne responsivité repose sur trois principes :

  1. Mobile-first : partir du plus petit écran pour garantir la lisibilité du contenu.
  2. Grilles flexibles : utiliser des systèmes de colonnes adaptatifs.
  3. Breakpoints maîtrisés : prévoir clairement comment chaque élément s’adapte.

 

L’objectif est de garder la même logique d’information, mais en la réorganisant intelligemment selon l’espace disponible.

Erreur n°9 : Ne pas confronter ses idées à des utilisateurs

Conséquences d’un manque de test

 

Ne pas tester, c’est supposer. Et supposer crée :

  • des parcours incompréhensibles,
  • des fonctionnalités inutiles,
  • des écrans mal interprétés,
  • des frustrations invisibles du designer mais évidentes pour l’utilisateur.

 

Une interface peut sembler parfaite en théorie… jusqu’à ce qu’un utilisateur réel l’utilise.

 

Comment tester même avec peu de moyens ?

 

Les tests n’ont pas besoin d’être longs ou coûteux :

  • montrer une maquette à 5 personnes suffit souvent à révéler 80 % des problèmes,
  • utiliser un prototype interactif sur Figma,
  • faire des tests rapides en visio,
  • observer les blocages en silence (la règle d’or),
  • prendre des notes, puis prioriser.

 

Le but est de confronter la théorie à la réalité, régulièrement.

Erreur n°10 : Confondre UI et esthétique uniquement

Les pièges de l’esthétique pour l’esthétique

 

L’illusion du “beau = bon” est fréquente.
Beaucoup de débutants produisent des interfaces visuellement séduisantes, mais qui manquent :

  • de lisibilité,
  • de hiérarchie,
  • de sens,
  • de cohérence,
  • ou d’efficacité.

 

Une interface jolie mais inutilisable reste… inutilisable. L’esthétique n’est qu’un outil, pas une finalité.

 

Comment revenir au sens et à la fonction ?

 

Avant toute décision visuelle, demande-toi : “Quel problème cette interface résout-elle ?”

 

Le rôle de l’UI est de :

  • rendre l’action claire,
  • soutenir l’expérience,
  • renforcer la compréhension,
  • réduire les frictions.

 

Le style doit servir le sens, pas l’inverse.

Erreur n°11 : Croire que l’UI et l’UX sont des disciplines séparées

Pourquoi cette séparation est une illusion ?

 

UI et UX ne sont pas deux blocs indépendants. L’UI est l’expression visuelle de l’UX.
Séparer les deux, c’est comme séparer un texte de sa typographie, ça n’a pas de sens.

  • Une interface belle mais mal pensée crée de la frustration.
  • Une expérience fluide mais visuellement confuse perd ses utilisateurs.
  • Une information bien conçue mais mal présentée perd en clarté.

 

L’UI n’existe pas sans UX, et l’UX n’atteint pas son potentiel sans UI.

 

Pour rappel, lire notre article : UX/UI design : tellement complémentaires, tellement différents

 

Comment intégrer UI et UX dans une même démarche ?

 

Pour éviter cette séparation artificielle, il faut penser l’UI au sein d’un écosystème pluridisciplinaire :

  • PM (Product Manager) : définit les objectifs et les priorités.
  • UX Researcher : comprend les besoins réels des utilisateurs.
  • UX Designer : structure les parcours, les interactions, les scénarios.
  • UI Designer : donne forme, cohérence et lisibilité au produit.
  • UX Writer : élabore un langage clair, utile et cohérent.
  • Développeurs : donnent vie aux interactions et améliorent la qualité du final.

 

L’UI doit donc évoluer en parallèle de tout ce travail, pas après ou à côté.
Pour cela :

  • on commence par les besoins réels et les scénarios d’usage,
  • on fait évoluer UX et UI ensemble, en itération,
  • on documente : “intention UX → solution UI”,
  • on teste à la fois la compréhension (UX) et la perception (UI).

 

Une équipe produit efficace ne sépare pas UX et UI; elle les synchronise pour bâtir une expérience qui a du sens et une interface qui donne envie de rester.

Pour bien commencer et continuer sa carrière en UI Design

Se lancer dans l’UI Design, c’est entrer dans un métier où l’apprentissage ne s’arrête jamais. Chaque interface conçue, chaque utilisateur observé, chaque projet mené permet de progresser un peu plus. Au début, tout semble vaste; les outils, les règles, les bonnes pratiques, les attentes du marché… Mais avec du recul, ce parcours n’est rien d’autre qu’une succession d’expérimentations et d’ajustements qui finissent par construire une véritable expertise.

 

Que tu sois en formation, en reconversion ou aux premières étapes de ta carrière, rappelle-toi que personne ne devient UI Designer en quelques semaines. Il n’existe pas de voie unique ni de méthode parfaite, il existe surtout une curiosité constante, une envie d’améliorer l’expérience, et la capacité à apprendre de chaque interface que l’on crée. L’important n’est pas d’être parfait dès le départ, mais d’avancer, d’observer, et de laisser la pratique façonner ton regard.

 

Ton parcours ne fait que commencer et c’est justement là que réside toute la beauté du métier.

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